Gotlib
De tous les auteurs de bandes-dessinées qui ont rythmé ma jeunesse, Gotlib est sans doute l’un dont l’influence aura été la plus grande. La plupart des caricatures que j’ai pu produire pendant mes années de prépa héritent de son style bien particulier.
Pourtant, mon premier contact avec l’univers de Gotlib avait été décevant. J’étais encore jeune, et suis resté imperméable à l’humour très décalé de Gai Luron, dans Pif Gadget. Tout change vers 1975, et ma découverte de Dingodossiers et de la Rubrique-à-brac. Je crois bien que c’est Jacky Amram qui me fit découvrir ces albums extraordinaires, durant les interclasses en 5ème ou en 6ème (j’étais très jeune !), des albums composés de récits assez courts, comme des nouvelles, où les textes rivalisaient d’originalité et d’humour avec les images. Isaac Newton et sa pomme, la coccinelle en bas de chaque case, la série sur les westerns spaghettis, les calembours douteux (comme « les bons gong font les bonzes amis »), quel univers prodigieux !
Gotlib, c’est aussi Super Dupont, ce super-héros aux antipodes des héros Marvel ou DC Comics, qui n’a de cesse de lutter contre l’anti-France, sans oublier d’honorer les dignes représentantes de la nation (mais jamais pendant le service). Il préfigure, ainsi, une sorte d’OSS 117 aux super-pouvoirs, bien plus drôle que les dialogues insipides des X-men ou des Quatre Fantastiques.
Et que dire de Pervers Pépère? Et de Fluide Glacial? Assurément, Gotlib fait partie des monstres sacrés de la bande dessinée française, de ceux qui débordaient de talent, et ont su, par leur abondante production, permettre l’éclosion de ce qu’on appelle, désormais, le 9ème art.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Ma toute première publication était co-signée avec Gotlib..
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/08/10/crocodile-et-pluvian/#comment-29978
(revue Pilote, 448 du 23 mai 68.)
Gotlib avait récompensé quelques lecteurs qui lui avaient indiqué le nom de l’oiseau-dentiste, en dessinant sur une de leurs idées de gag.
Tout cela ne nous rajeunit pas !
C’est remarquable.
Mais avons-nous besoin d’être rajeunis, alors que nous sommes restés jeunes ?