Google +/-1?
Google revient donc faire un tour du côté des médias sociaux, avec le bouton « Google +1 ». (prononcer « Gougueule plus oine« ). Avec une vidéo d’explications au cas où le concept ne paraîtrait pas suffisamment clair par lui-même.
Mais en fait, de quoi s’agit-il?
A mon sens, le bouton « Google +1 » n’est ni plus ni moins qu’une solution de « social bookmarking« , autrement dit de partage de liens, basée sur le profil Google de celles et ceux qui en ont (à savoir tous ceux qui ont un compte Google Mail, ce qui doit représenter quelques millions d’individus quand même. Tiens, au fait, dans la grande course aux nombres d’utilisateurs, pourquoi Facebook fanfaronne au sujet de ses 500 millions de profils, et Google ne donne-t-il aucune info sur le nombre de profils Google? Une boîte d’ingénieurs, je vous dis…)
Pour ceux qui découvriraient le social bookmarking, rappelons que cette approche existe depuis belle lurette, qu’elle a fait les beaux jours de sites comme Digg ou Del.icio.us:
En France, le leader dans ce domaine se nomme Wikio. C’est une société créée par Pierre Chappaz (le fondateur de Wikio) il y a déjà cinq ans, et qui s’est étendu intelligemment en fusionnant avec la plateforme de blogs OverBlog et la plateforme de billets sponsorisés eBuzzing.
Donc pour ce qui est de faire +1 à coté d’un lien, on a déjà donné. Par ailleurs, Google fait évidemment la nique à son grand rival Facebook, dont le bouton « J’aime » ou « I Like » orne désormais plusieurs millions de pages (là aussi, j’aimerais quelques stats officielles). A ceci prêt que je peux voir ce que mes amis Facebook aiment sur mon mur, alors que, bien évidemment, il n’existe pas (encore) de mur Google où s’afficheront les « +1 » de mes contacts Google Mail (pourvu que cela n’aille pas polluer ma messagerie comme Google Wave l’a jadis fait…).
Mais « Google +1 » a un avantage énorme par rapport à tous les autres: l’index Google. En effet, pour qu’un lien (ou une page) apparaisse sur Digg, Wikio ou un mur Facebook, il faut qu’il y ait eu une interaction entre cette page et l’outil considéré. Une interaction qui peut se faire par l’adjonction d’un bouton sur la page elle-même (comme au bas de cet article, vous pouvez cliquer si vous aimez) ou au travers d’un navigateur comme sur RockMelt. Ces outils ne connaissent que les pages qu’on leur a fourni à un moment donné.
Ce n’est pas le cas de Google, qui connaît tout le monde grâce à son index. Une seule interaction suffit, et semble-t-il, depuis même les pages de résultat du moteur. Ce petit plus, va donner au moteur un avantage substantiel en terme d’intégration. Aucun développement, aucun plugin, aucun code HTML, FBML ou quoi que ce soit n’est nécessaire.
Google +1 n’est pas encore disponible en France, mais j’ai hâte de voire comment il va se développer de ce côté-ci de l’Atlantique. Comment la CNIL réagira à l’immense fichier sur nos historiques de navigation ou de préférences (il est surprenant de voir que la CNIL reste insensible à la gestion des pages de fans Facebook, d’ailleurs, qui sont d’immenses fichiers aux vertus pas si claires…). Comment les autres sites de social bookmarking réagiront. Comment les plateformes de blogs tireront profit de cet outil (qui bénéficiera, j’espère, de l’API qui va bien). Comment le référencement des sites les plus appréciés évoluera.
Bref, Google +1 est un outil inintéressant à première vue, mais peut-être plus subtil qu’on ne le croit dès que son usage se sera répandu…
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec