Golda

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Sorti en 2023 à l’occasion du cinquantième anniversaire de la guerre de Kippour, Golda est un biopic qui suit le premier ministre israélien Golda Meir tout au long des événements qui se sont déroulés pendant ces trois semaines tragiques, depuis la veille de la guerre jusqu’à son épilogue. Étrange film, sorti concomitamment aux massacres du 7 octobre, et qui prend une dimension singulière quand on le regarde quelques mois plus tard. Pourtant, après l’avoir vu en VOD sur Orange, je suis un peu déçu.

En soi, Golda n’est pas un si mauvais film. Un peu de pédagogie sur ces événements terribles, et sur la menace réelle d’anéantissement à laquelle Israel se trouve confronté lors de chaque guerre ouverte sur plusieurs fronts, dans ces années-là comme aujourd’hui, ne fait jamais de mal. Helen Mirren joue son rôle avec professionnalisme, les acteurs sont à l’avenant , surtout celui qui interprète Dadou Elazar. Seul l’acteur qui tient le rôle d’Ariel Sharon semble un peu sous-dimensionné par rapport au personnage. Et encore, c’est peut-être parce qu’avec le temps, on a eu le temps de se façonner une image de Sharon vieux (et gras), qui est venue remplacer celle du fougueux général qui mena la contre-attaque audacieuse et permit un dénouement heureux, si on peut utiliser ce terme en pareil cas.

Mais Golda n’est pas exempt de tout reproche, et le principal concerne l’esthétique du film, ainsi que certains choix de mise en scène, qui veulent jouer sur les sentiments du spectateur en imbriquant des séances de chimiothérapie tout au long de ces trois semaines – une seule aurait suffit, nous ne sommes pas si bêtes au point de devoir répéter toujours le même rituel. De même les séquences dans le QG de Tsahal, où les officiers d’état-major suivent les opérations à distance semble largement inspirées de celles qu’on a pu voir depuis une quinzaine d’années, notamment dans le bureau ovale, où Barak Obama et son staff suivent l’élimination de Ben Laden en direct, en audio et vidéo. Je doute qu’en 1973 les moyens de vidéotransmissions aient pu permettre de diffuser des images du champ de bataille en même temps que des séquences audio des unités impliquées – ils sont forts ces israéliens, mais quand même, il y a des limites… Et que dire de la séquence d’introduction où Golda descend d’un appareil que je n’avais encore jamais vu voler, mais qui est déjà apparu au cinéma dans un James Bond récent…

Chacun de ces détails pris séparément n’aurait probablement pas d’incidence. Mais leur accumulation finit par laisser une impression de film de série B. Un tel sujet, lorsqu’on a la prétention faire un film historique, mérite un soin particulier sur ces détails – un Spielberg, par exemple, n’aurait probablement pas transigé là-dessus. Mais Guy Nattiv n’a pas eu le me même souci des détails.

C’est dommage, et je reste sur ma faim. Heureusement que sur le même sujet, mais avec une approche différente, Claude Lanzmann a réalisé un film d’une autre valeur

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