Gad et le malaise
C’est dur, la vie d’artiste. Non vraiment, je ne rigole pas là, c’est vraiment dur, cette exposition médiatique permanente, cette absence de vie privée, ce sentiment d’être jeté en pâture à des millions d’individus dont on n’a que foutre. Alors que la seule chose qui nous plairait, là, en ce moment, c’est de nous ressourcer, de retrouver notre nous-même, avec notre moitié et même quelques quarts.
C’est dur d’être un incompris. De faire des choix personnels qui ne passent pas, ou dont tout le monde se gausse, alors qu’il ne s’agit que de choix personnels. De ces choix qui ne devraient pas concerner plus que 4 ou 5 individus sur terre, alors que des millions d’autres en débattent à souhait, dans la presse ou sur les réseaux sociaux.
C’est dur, oui.
Alors pourquoi en rajouter ?
Pour le spectacle.
Ou plutôt pour le goût du spectacle.
Gad Elmaleh, comédien juif d’origine marocaine, mais aussi artiste international, est un show-man, il le dit lui-même. Il n’a eu de cesse, depuis ses débuts, de se mettre en scène, de raconter sa vie devant des inconnus, comme d’autres l’ont fait avant lui, et d’autres le feront après lui. La critique, il n’en a cure, il avance. Parfois c’est drôle, parfois c’est décevant. Parfois ça passe, parfois ça casse. Et parfois ça lasse.
Et ça nous dépasse.
La crise de foi de Gad, est-ce un pur spectacle ? Une blague à deux belles ? Ou une véritable conversation ? Difficile à dire, tant son parcours devient illisible.
C’est l’effet secondaire de l’esprit innovant qui l’anime. À force d’aller sur des territoires où on ne l’attend pas, le Paul Claudel de Casablanca a fini par brouiller les pistes. On ne sait plus ce qui est vrai, ce qui est faux, ce qui est du marketing à deux balles, et ce qui est un véritable acte de foi.
Une seule chose est sûre : si Gad Elmaleh a choisi de se convertir au christianisme, c’est tout à fait respectable. Mais pourquoi en faire un film ? A-t-il seulement songé qu’en franchissant ce pas, il va définitivement devenir l’un des personnages les plus marrants de ses spectacles, celui dont il s’est moqué avec beaucoup de talent : le blond.
À chacun sa croix…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec