Everything Everywhere All at Once
Le problème avec les films délirants, c’est la limite. Jusqu’où un film délirant peut-il pousser le délire, sans perdre les spectateurs ? C’est la question que doivent impérativement se poser les réalisateurs de films délirants. Sans une conscience absolue des limites du délire, des limites acceptables au sens qu’elles ne perdent pas le spectateur, le produit du réalisateur perd toute consistance. On ne retient alors rien de l’oeuvre cinématographique, si ce n’est une une ou deux idées originales, et l’impression globale d’avoir perdu son temps.
C’est ce que je me suis dit en sortant de Everything Everywhere All at Once (je me l’étais déjà posée après avoir vu Being John Malkovich, comme quoi j’ai de la suite dans les idées)
Car si l’idée est originale – quoiqu’à bien y réfléchir, du multiverse, on nous en sert de plus en plus souvent, et pas que chez Marvel – la réalisation pousse le délire si loin, qu’au bout d’une heure, on se demande s’il ne vaudrait pas mieux rentrer chez soi, regarder une émission tardive sur la 5, vérifier ses emails, ou faire une lessive.
Attention, spoil devant
Si vous avez peur d’être spoilé, arrêtez la lecture de cet article dès à présent.
Si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est que vous avez envie d’en savoir plus. Alors voilà, Everything Everywhere All at Once, c’est l’histoire d’Evelyne. Evelyne est une chinoise installée aux Etats-Unis. Elle y tient une laverie avec son mari Waymond. Ils ont tous deux une fille, Joy, qui sort avec des filles. Mais voilà que le père d’Evelyne, Gong-Gong, vient rendre visite au couple, qui s’appête à fêter le nouvel an chinois dans une ambiance sordide. Waymond s’apprête à demander le divorce, et Evelyne s’empêtre dans ses factures, alors qu’elle s’apprête, de son côté, à demander un prêt pour doubler la surface de sa laverie.
Vous avez suivi ? Je viens de résumer les cinq premières minutes.
Tout cela pourrait faire un excellent film un peu chiant, genre Godard, sauce 21e siècle.
Mais non.
Le scénariste en a décidé autrement.
Il s’est dit qu’on ne pouvait pas s’arrêter là.
Evelyne et le multiverse
Voici donc Evelyne plongée dans le multiverse, qui découvre que dans des mondes parallèles, elle possède des pouvoirs extraordinaires : chanteuse, cuisinière, experte des arts martiaux, etc. Et en faisant un verse jump, elle peut récupérer les pouvoirs de son avatar dans les univers parallèles. Mais pour cela, elle doit faire un truc original, très original (c’est peut-être le seul côté marrant du film).
Inutile d’en dire plus. Vous avez déjà mal au crâne, je viens de vous éviter deux heures à vous prendre la tête.
Dites moi merci.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
J’ai résolu le problème en quittant la salle au bout d’une demi heure !