Et maintenant, monsieur le président?
Sous-titré un projet plus que des programmes, Et maintenant monsieur le président est un petit essai assez court et agréable à lire de Francis Gutmann, qui vient de paraître aux Editions Kawa. Il mérite toute votre attention.
Francis Gutmann fait partie de ces personnalités qui ont gravité au sein de l’élite française, tout en gardant un regard alerte sur son évolution et la relation de ses représentants au reste de la société française. Passé par Sciences-Po, Pechiney, la Croix-Rouge et le Quai d’Orsay, il a eu de grandes responsabilités, et fut ambassadeur de France à Madrid.
L’essai qu’il signe prend la forme d’un long manifeste, où sont passées en revues les principaux sujets qui concernent le politique: la vie politique elle-même, les questions de culture, d’écologie, de défense. Des sujets qui nous concernent tous. Et sur lesquels nos politiques, jusqu’à présent, ont tenu des positions de façade le plus souvent, sans convaincre ni décider. Les français, et notamment leurs dirigeants, ont peur. Peur de l’avenir, peur de leur entourage. Les premières lignes du livre sont on ne peut plus explicites:
La France craint l’avenir, elle le déteste, elle le refuse. Ou alors elle veut y voir le prolongement d’un présent qu’elle récuse – sauf à le confondre avec les mirages d’une modernité matérialiste et technocratique-.
La France doute d’elle-même, elle se veut grande puissance, elle se dit puissance moyenne, elle n’a plus la volonté d’être elle-même.
La France n’existe que pour autant qu’elle se distingue.
Or elle n’a plus la force d’être indépendante, elle prétend n’en avoir plus le moyen, elle n’en a plus même la volonté. Elle préfère céder à toutes les tutelles que la politique et l’économie lui imposent. Ou alors elle se referme sur elle-même dans le déni de ce qui l’entoure.
L’indépendance est bien plus qu’une question de souveraineté. Elle est d’abord la volonté d’un peuple d’être et de demeurer soi-même.
Mais les Français ont peur. Peur de ce monde qui leur est devenu comme étranger, qu’ils ne comprennent plus, peur de l’inconnu, peur de perdre à l’avenir ce que le passé leur avait apporté. Naguère conquérants du monde, aujourd’hui défaitistes dans la mondialisation.
Pourtant, les français ont porté au pouvoir un président, Emmanuel Macron, qui veut voir des opportunités, là où les autres voient des risques. Des chances, là où les autres voient la fin. En ce sens, les propos de Francis Gutmann, « vieux bonhomme » de 87 ans, rejoignent ceux tenus par Emmanuel Macron tout au long de la campagne, et lors de ses discours d’investiture.
Je vous invite donc à lire Et maintenant monsieur le président au plus vite. Plus courageux, plus lumineux et plus volontaire que le « Indignez-vous » qui fit parler de lui il y a quelques années, il porte un message universel, qui aurait pu être la signature de la République en Marche (j’ai pu lire les premières épreuves du livre en janvier dernier, bien avant l’élection victorieuse de Macron, grâce à l’entremise d’Olivier Boudot):
C’est aujourd’hui qu’il faut se ressaisir. Il s’agit de bien davantage que d’une élection présidentielle.
Puissent-ils être nombreux ceux, quels qu’ils soient, qui refusant une imbécile et suicidaire sinistrose, se rassembleront pour réagir et pour rendre à la France son rôle de bâtisseur d’avenir.Sachons redevenir des gagneurs !
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec