Et de onze !
Chaque année ou presque, à la même époque de l’année, au début du mois de juin, je me demande quoi dire de plus au sujet de Rafael Nadal. 8 victoires, c’était déjà extraordinaire. Neuf, carrément incroyable. Dix ? que dire de dix victoires? Simplement dantesque. Mais aujourd’hui, avec une onzième victoire, acquise au terme de deux heures trente de jeu, sous une chaleur pesante, et face à l’un des rares joueurs capables de le menacer sur terre battue, Rafael Nadal a probablement définitivement écoeuré les autres joueurs professionnels. Il suffisait de voir le regard de son adversaire du jour, l’autrichien Dominic Thiem, perdu dans ses pensées, comme s’il était le seul survivant d’un crash aérien, ou si une horde d’extra-terrestres avait éradiqué l’espèce humaine pour ne garder que lui comme témoin d’une époque révolue. Oui, tout est dit dans le regard de Thiem.
Qu’est ce qui permet à un joueur de durer aussi longtemps sur une surface aussi difficile? Probablement sa capacité à faire évoluer son jeu pour tenir face à une grande quantité de joueurs de tennis. Alors que le jeune Nadal courait sur toutes les balles, celui de 2018 laisse passer les accélérations inutiles, pour se focaliser sur les points décisifs: mais là, quelle concentration, quelle hargne !
Certains points de cette finale sont, à cet égard, significatifs. Vers la fin du second set, Thiem place une amortie superbe, pour prendre l’avantage sur le service de Nadal. Que fit l’espagnol? Sur le point suivant, il place une amortie identique, manière de lui dire: « tu vois, Dominic, ça je sais le faire, moi aussi« . Sur le point suivant, il fait une fois de plus, la même amortie: « tu croyais l’emporter, mais je vais te battre avec tes propres coups« . Et sur le point suivant, il écarte le risque de contre-break. Superbe.
Et puis, il y a ce discours improvisé de Nadal, ce type de discours plein de banalités qu’on exige aux sportifs de haut niveau après leur victoire. Que dit Nadal? « Dominic est un grand joueur, le circuit a besoin de lui, il sera sans doute à ma place dans quelques années… » Dans quelques années, oui, mais quand? C’est ce que doit se demander Thiem. À 32 ans, Nadal a une fois de plus survolé Roland Garros, ne concédant qu’un seul set en quart de finales, face à l’argentin Diego Schwartzman. Depuis sa première victoire en 2005, Nadal n’a laissé filé que trois éditions, et a remporté toutes les éditions auxquelles il atteint la finale. Il a définitivement écarté Roger Federer de la porte d’Auteuil, Novak Djokovic ne parvient plus à la finale depuis trois ans.
Qui donc viendra détrôner Rafael Nadal sur la terre battue parisienne?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Bel article !
« ne concédant qu’un seul jeu en quart de finales, face à l’argentin »
–> un seul set
oui merci