Entre ici, Paanteon…
La France s’apprête à rendre hommage à Joséphine Baker. Mardi prochain aura lieu, en effet, sa « panthéonisation ». Elle sera la première femme noire à y entrer, tout un symbole, à une époque qui accorde tant de place à ces derniers. Il faut dire que la carrière de cet artiste de music-hall mérite qu’on s’y intéresse. Née dans une famille pauvre du Missouri, elle s’impose d’abord aux Etats-Unis, puis débarque en France entre les deux guerres et devient une danseuse vedette, appréciée du public comme des artistes d’autres disciplines. Mais la tragédie gronde, en Europe. Pendant la guerre, elle profite de son statut d’artiste pour mener une activité d’agent secret, au service de a France libre, et est même décorée de la médaille de la Résistance et de la croix de guerre 1939-1945.
Paanteon, un Wikipedia, avec les hommages en plus
Tout cela, vous pouvez le saviez déjà, bien entendu. Au pire, vous auriez pu rafraîchir votre mémoire sur Wikipedia. Et bien bientôt, vous pourrez en témoigner sur Paanteon, un site dont le but est de permettre à tout un chacun de partager la liste des personnalités, des oeuvres ou des lieux qui sont le moteur de notre inspiration quotidienne. Via une interface assez simple, on peut y créer un compte en quelques minutes et insérer, un par un, les noms de nos sources d’inspiration : le site se charge alors, s’il s’agit de personnalités connues, d’établir un lien vers Wikipedia, ou de lier les sources d’inspiration provenant de profils différents.
Fondé par une petite équipe de communicants basés en France, Paanteon se veut comme une alternative positive aux réseaux sociaux. De nombreuses études ont en effet démontré, ces dernières années, les étranges effets secondaires de ces plateformes. Au-delà de l’addiction bien connue aux écrans et au défilement sans fin, on a pu lire à de nombreuses reprises des articles sur les effets induisant des comportements dépressifs, ou la tendance des réseaux comme Twitter ou Facebook, à privilégier le clash, les échanges violents, pouvant parfois déboucher sur de véritables tragédies. Paanteon fournit l’infrastructure pour tenir une sorte de blog minimal à la mémoire des grandes figures de l’humanité.
Touche pas à mon Paanteon
Initiative louable, et qui n’en est qu’à ses débuts. Pour avoir pu expérimenter la version bêta du site, je trouve qu’il y a encore quelques petites détails à corriger, mais que dans l’ensemble, le site est déjà parfaitement utilisable, et invite à découvrir, ou redécouvrir, d’illustre figure qui ont fait honneur à l’humanité toute entière. Et même si je suis convaincu qu’il n’existe pas d’être humain parfait sous tous les angles, j’y ai mentionné quelques figures dont j’ai pu apprécier le talent, à diverses époques de ma vie, de Yohan Cruyff à Yeshayahou Leibowitz.
Seul véritable bémol, avec certaines grandes figures – et Leibowitz en fait partie – on risque de basculer de nouveau dans le clash. Ce que j’apprécie chez l’un est peut-être ce que d’autres personnes rejettent. Certaines personnalités sont clivantes. Que se passera-t-il le jour où un utilisateur ajoutera Yasser Arafat, Eric Zemmour ou Donald Trump à son Paanteon ? je n’ai hélas pas la réponse, mais j’ai hâte de voir comment ce type d’événement sera traité. Car cela pourra, éventuellement, servir pour mieux modérer et encadrer les échanges sur les réseaux sociaux.
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec