#ElectricityMatters
Ah l’énergie ! On en parle tous les jours, et sur un ton de plus en plus inquiétant, me semble-t-il ! Entre la hausse du prix de l’essence suite à la guerre en Ukraine, la tension sur le prix de l’électricité depuis quelques mois, la bascule programmée par l’union européenne du véhicule thermique vers le véhicule électrique, la fin de l’abondance annoncée par Macron, l’arrêt des usines qui consomment trop de gaz, la fermeture annoncée de certaines station de ski cet hiver ou de certaines universités pour faire des économies de chauffage, on ne sait plus où donner de la tête !
Et en pareille situation, quand tout semble devenir de plus en plus en confus, le moindre document qui a l’air sérieux peut ressembler à une bouée de sauvetage. C’est pourquoi je vous propose aujourd’hui deux pistes de réflexion.
Électricité et gaz à tous les étages
La première, c’est une interview parue il y a quelques jours dans le Le Monde, interview de Jacques Percebois, économiste et spécialiste des questions liées à l’énergie. Il revient, dans ce document, sur l’épisode qui a conduit à la dérégulation du marché de l’électricité. Il explique le pourquoi de cette dérégulation, le comment, ainsi que les conséquences induites. Dont un paragraphe fort intéressant.
Question : Aujourd’hui le couplage existant entre les prix de l’électricité et ceux du gaz est pointé du doigt. Pourquoi les prix sont-ils formés de la sorte ?
Cela s’est imposé du fait de la loi du marché. Avant, lorsque EDF faisait des investissements dans des centrales hydrauliques, de fioul ou nucléaires, ses dirigeants établissaient un prix moyen, variable selon les heures creuses et pleines, selon le coût estimé. Cette façon de procéder n’a plus eu de sens dès lors que les prix n’étaient plus régulés. A partir du moment où ceux-ci évoluent toutes les heures, un système d’enchères s’est mis en place. On appelle cela le « système de l’ordre de mérite ».
Chaque opérateur n’accepte de faire tourner sa centrale que lorsque celle-ci est rentable, et donc couvre au moins ses coûts de combustible. Or, il se trouve que c’est le coût de fonctionnement de la dernière centrale dont le marché a besoin qui fait le prix et que, compte tenu de la forte demande, ce sont les centrales à gaz, les plus coûteuses concernant un combustible dont les prix ont explosé du fait de la guerre en Ukraine, qui sont mobilisées en dernier.
Vous avez bien compris, l’un des effets de bord de cette dérégulation, c’est d’avoir couplé le prix de gros de l’électricité à celui du gaz. Merci qui ?…
Electricity Maps
La seconde piste de réflexion, c’est … une application gratuite, que vous pouvez installer sur votre smartphone préféré. Conçue par une petite équipe dirigée par Olivier Corradi, ancien élève de Centrale, Electricity Maps agrège tout un tas de données disponibles en open data, et les affiche de manière plus digeste sous forme de graphiques et de cartes.
Quels types de graphiques et de cartes ? Et bien d’abord une carte qui indique, dans un code couleur on ne peut plus clairvoyant, l’origine du mix énergétique consommé, pays par pays, aussi bien en terme de production que de consommation. Ensuite, en cliquant sur un pays, vous obtenez le détail de ce mix, ainsi que l’évolution du prix de l’électricité ou les échanges entre pays frontaliers.
Les données affichées ici sont celles concernant la France, au 22 septembre 2022. Comme vous le voyez, notre mix énergétique s’appuyant sur un parc de centrales nucléaires significatif, nous polluons peu. Nous exportons même de l’électricité vers l’Espagne et le Royaume-Uni, et en importons d’Italie et de Norvège.
Installez l’application et cliquez sur d’autres pays, comme l’Allemagne, le Brésil ou le Canada. Vous saisirez alors un peu mieux ce que représente le marché de l’énergie, et l’impact de décisions locales (fermetures de centrales, invasion de pays, etc.) sur l’économie mondiale.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec