A vendre: projet pharaonique avec vue sur golf persique
C’est peut être la nouvelle la plus étrange de ces dernières semaines, la « faillite » annoncée de Dubaï. Petit émirat ayant bénéficié à fond des pétrodollars, Dubaï était devenu, depuis quelques années, une sorte de réplique de l’Egypte antique: une multitude de projets pharaoniques complètement délirants – ces superbes petits chapelets d’îles artificiels visibles du ciel, un domaine skiable en plein désert, un complexe de golf dans lequel Tiger Woods s’est lui-même impliqué, des gratte-ciels à n’en plus finir, etc..
Et puis pschiittttt, comme dirait le précédent président de la république. Le petit miracle économique tourne au camouflet, et Dubaï doit demander le rééchelonnement de sa dette, comme un vulgaire pays sud-américain. On ne peut que sourire, et penser aux milliards gaspillés en pure perte, pour entretenir une économie basée sur le luxe, l’ostentatoire et l’asservissement des plus pauvres. Au lieu de redistribuer équitablement les fortunes amassées durant toutes ces années, ou de les investir dans des infrastructures modernes mais réalistes, Dubaï s’est lancé dans des projets qui ne servent qu’au gigantisme d’une frange de sa population, exploitant au passage une pléthorique main d’oeuvre bon marché issue des pays musulmans plus pauvres à proximité.
On n’ose imaginer ce que le budget de construction de la plus petite de ces îles artificielles, du plus petit de ces gratte-ciels, aurait pu apporter aux quelques centaines de milliers de malheureux qui crèvent la faim à quelques centaines de kilomètres à la ronde. A commencer … par ces soi-disant frères palestiniens, sur lesquels il fait bon s’appuyer pour réclamer la disparition de l’entité sioniste, mais auxquels les riches émirats n’ont distribué que si parcimonieusement leurs fantastiques recettes.
Il y aura peut-être moins de Ferrari cet été à Cannes, pour défiler sur la Croisette et en jeter plein la vue. Les Dubaiotes pourront réfléchir au gâchis auquel ils ont contribué en regardant en boucle les vidéos à la gloire de leurs rêves…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
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