Double éclipse d’Armstrong
Un phénomène peu banal s’est déroulé sous nos yeux ces deux derniers jours: une double éclipse d’Armstrong. Par un hasard du calendrier assez original, on a en effet assisté à la disparition de Neil Armstrong, précédée peu après par la disparition de Lance Armstrong du milieu du cyclisme professionnel.
L’étoffe des héros
Le premier, Neil Armstrong, fut le premier homme à marcher sur la lune. « Un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité« , c’est lui. Ces quelques minutes passées sur la lune lui ont valu une renommée universelle. Armstrong lui-même ne s’y attendait peut-être pas. Pilote de chasse, pilote d’essai, il donne plutôt l’impression d’un individu réservé, peu enclin à la surexposition médiatique à laquelle il a eu droit plus de quarante ans durant. Imaginez un peu, depuis ce vol de 1969, le nombre d’individus qui ne se sont référés à lui que par rapport à ces quelques pas.
Armstrong faisait partie de cette équipe de pilotes prêts à risquer leur vie pour être les premiers américains, si ce n’est les premiers hommes, à voler dans l’espace puis à poser le pied sur la lune. Leurs exploits ont été relaté dans un formidable film de Philip Kaufman tiré d’un roman de Tom Wolfe, The Right Stuff, librement traduit par L’étoffe des héros. Ne le ratez-pas s’il est rediffusé ces jours-ci en honneur à Armstrong.
Armstrong, et ses compagnons Aldrin et Collins, firent partie de la mission numéro 11 du programme Apollo, dont un autre film, Apollo 13, rappelle un des épisodes les plus douloureux. Il se peut que les chaînes de télévision préfèrent cet opus là au film précédent. On verra.
L’étoffe du zéro
L’autre Armstrong qui a fait l’actualité, c’est ce champion cycliste qui domina le cyclisme sur route et notamment le Tour de France, sept années durant. Un record. Mais un record basé sur le dopage, comme semble le concéder Armstrong lui-même, en abandonnant sa bataille contre l’agence américaine de lutte contre le dopage.
Très honnêtement, je ne comprends pas très bien ce qui a pu pousser un type qui est passé par un cancer des testicules à continuer à se doper pendant près de 10 ans, réduisant ainsi son espérance de vie, juste pour faire péter un record. Peut-être Lance Armstrong n’est-il finalement que le produit dérivé le plus abouti de ce cyclisme international, qui demande toujours plus de puissance, de performances, au détriment de la santé des coureurs.
A qui seront attribués les Tours de France des années Armstrong? Aux seconds, même s’il s’agit de coéquipiers du coureur de l’US Postal? Ce serait gonflé. Personnellement, j’opterais bien pour que ASO décerne le Tour de ces années dopage au dernier arrivé, pour montrer que le héros n’est pas celui qui arrache la victoire à force d’EPO et de produits dopants, mais celui qui continue de se battre, même s’il sait qu’il n’a aucune chance de l’emporter.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
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