Don’t be a scud…
Les plus vieux de mes lecteurs se souviennent probablement des événements qui ont tendu un peu l’atmosphère entre janvier et ,mars 1991. Pour ceux qui auraient la mémoire courte, rappelons qu’une coalition internationale avait décidé de libérer le Koweit de l’invasion des forces irakiennes, quelques six mois plus tôt. Sadam Hussein avait alors décidé de faire capoter cette coalition en impliquant Israel dans le conflit, à l’aide de salves de missiles de longue portée, envoyés un peu hasard sur le territoire israélien. Le calcul du père Sadam était simple : si Israel réagissait, la coalition qui mêlait pays occidentaux et pays arabes exploserait en mille morceaux. La mission de l’état d’Israel était donc simple comme douze rounds face à Apollo Creed : encaisser, encaisser et toujours encaisser, sans broncher.
Itshak Shamir était alors au commande. Le bouillonnant ancien cadre du Lehi avait tenu bon. Une quarantaine de Scud tombèrent sur Israel, qui encaissa, non sans avoir au préalable équipé sa population de masques à gaz, un comble pour une nation traumatisée par le massacre des juifs dans des chambres à gaz.
Et bien ce qui s’est passé samedi soir m’a curieusement rappelé cette époque. Il faut dire que, n’ayant guère envie de me payer les commentaires des experts invités par les chaînes d’info en continu françaises, je m’étais branché sur CNN, la seule chaîne qui diffusait en continu à l’époque de la guerre du Golfe. La couleur du logo, les sirènes israéliennes, l’attente des missiles, tout semblait en place pour retrouver cette ambiance un peu particulière, qui nous angoissa pendant deux longs mois. On avait même droit, on l’apprendrait plus tard, à une mini coalition pour répondre aux horribles missiles lancés par le grand méchant de la scène politique internationale.
Seule différence : au lieu de durer deux longs mois, cela ne dura que deux longues heures.
Et finit par faire pschttt, aurait ajouté Chirac.
Le dôme de fer, ou les avions israéliens, américains, jordaniens et même français, semble-t-il, ont fonctionné à merveille. Et les responsables iraniens, tous fiers de leur démonstration d’un savoir-faire balistique réel, annoncèrent même la fin des hostilités avant même que l’idée même de riposte ne germât dans l’esprit de Tsahal.
Récapitulons.
L’Iran a démontré son savoir-faire en matière de drones et de missiles, et peut se flatter d’avoir envoyé quelques missiles en Israel. 1-0.
Israel a montré que contrairement à ce que disent BHL et The Economist, il n’est pas si seul que cela. 1-1
Entre temps, pas un seul otage libéré et la menace d’une opération sur Rafah qui reste bien réelle.
Tout ça pour ça ?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Manière bien légère de traiter un acte de guerre hors du commun qui aurait pu faire des milliers de morts si un seul missile était tombé sur une zone peuplée ? Sans parler de Jérusalem ?
Sait-on que les contre-mesures d’Israël et de ses amis ont coûté la bagatelle de un milliard de dollars ?
Et que l’Iran a de quoi récidiver plusieurs fois !