Donnez du sens, il vous le rendra
Vous est-il déjà arrivé de lire un livre, un essai en l’occurrence, et de vous sentir en totale adéquation avec ce qui y est écrit? C’est ce qui m’est arrivé cette semaine, en dévorant le livre de Christophe Lachnitt, Donnez du sens, il vous le rendra. Je connaissais Christophe au travers de son blog, Superception, sur lequel il diffuse, régulièrement, des leçons de management issues de l’analyse du comportement de chefs d’entreprise emblématiques.
Le livre reprend d’ailleurs certains articles du blog (mais rassurez-vous, comprend également du contenu « original »). Son propos est simple: l’homme est un animal en quête de sens, dans tous les moments de sa vie, et bien évidemment aussi pendant son parcours professionnel; de ce fait, les entreprises qui accordent une importance accrue au sens dans leur dimension managériale sont celles qui sont les plus susceptibles de réussir.
Le livre est construit en deux parties. La première s’intéresse au management. A partir de son expérience personnelle, et d’exemples tirés de l’attitude de personnalités aussi variées que Bob Kennedy ou Michael Jordan, il évoque des aspects originaux et glorifie une sorte de manager humaniste, qui, comme le champion de basket, sort grandi de ses échecs, ou comme le candidat à l’élection américaine, reconnaît son ignorance pour mieux s’appuyer sur l’expertise de ses collaborateurs. Pour Christophe, et je suis totalement d’accord avec lui, le bon manager n’est pas le spécialiste, incollable sur tout, qui n’a jamais connu l’erreur, mais quelqu’un qui « parle comme s’il avait raison, et écoute comme s’il avait tort ». Le doute est une dimension essentielle du manager ambitieux: sans lui, on s’enferme dans ses erreurs de jugements, on démotive ses équipes, et on n’aboutit à rien de durable.
La seconde partie du livre est consacrée à la communication et au marketing. Le message principal que Christophe cherche à nous transmettre, c’est que toute vérité n’est que perception. De cet axiome de base, souvent omis par bien des individus, on peut déduire des éléments simples, qui doivent guider l’organisation en charge de la communication: s’adapter aux audiences auxquelles on souhaite s’adresser, diversifier les canaux, produire des contenus originaux, qui font appel aux sens, justement, pour une meilleure mémorisation. Le propos s’élargit, ensuite, sur des sujets plus généraux, comme l’anonymat sur le net, le rôle des journalistes ou l’évolution de la presse. Sur l’anonymat, en l’occurrence, nos points de vue se rejoignent: j’ai toujours été très circonspect sur la défense de l’anonymat à outrance; si je le conçois bien pour lutter contre les totalitarismes, l’anonymat présente en effet, dans nos démocraties, un risque qui autorise bien des dérives.
La distinction entre journalisme professionnel et journalisme amateur (blogueurs et autres activistes) est également essentiel. Christophe distingue parfaitement la ligne de fracture, entre ceux dont les contenus sont motivés par une éthique de responsabilité, et ceux dont les contenus sont motivés par une éthique de conviction.
Ce livre, qui se lit d’une traite, s’adresse avant tout aux chefs d’entreprise, aux managers et aux responsables marketing et communication, qui y puiseront idées et concepts à même de les aider à mieux positionner leur entreprise. S’appuyant sur de nombreux aphorismes et citations, ce livre d’un peu moins de deux cents pages ne pourra que les séduire. Et si je ne devais en citer qu’une, voici la phrase que je garderais:
Je ne perds jamais: je gagne, ou j’apprends.
Magnifique.
Donnez du sens, il vous le rendra, par Christophe Lachnitt, 195 pages, Books on Demand
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec