Django se déchaîne
Il y a un je ne sais quoi de répétitif dans les films de Quentin Tarantino. On dirait que le seul thème qui l’intéresse depuis Kill Bill, est celui de la revanche. Revanche par ci, revanche par là, avec une bonne dose d’hémoglobine au passage, pour faire marrer. Le problème, c’est qu’à force, j’ai fini par me lasser.
L’histoire est simple. On est au temps de l’esclavage aux Etats-Unis. La guerre de sécession n’est toujours pas passée. Un noir, dans le sud américain, c’est un esclave. Pas les mêmes droits, pas de droits du tout d’ailleurs, tout bon pour faire de la chaire à pâtée. Le sordide de l’esclavage, Tarantino l’illustre par quelques scènes d’une violence inouïe. La scène d’introduction tout d’abord, lourde de sens. Le duel à mort entre deux esclaves, pour le bon plaisir de Leonardo di Caprio, magistral en ordure finie.
Je passe sur le débat de la perception de l’esclavage, qu’on a déjà connu avec Inglorious Basterds. Tarantino fait du cinéma, il raconte des histoires, qui se calquent parfois sur des époques, des événements. Il ne faut chercher aucun réalisme historique là-dedans, ni détournement des faits. C’est gênant – Inglorious m’avait abondamment gêné, et Django m’a aussi laissé un goût douteux dans la bouche – mais c’est son style: si on n’aime pas, on n’a qu’à ne pas aller voir ses films.
Donc Jamie Foxx jour le rôle d’un esclave affranchi par un chasseur de primes, qui va s’évertuer à retrouver sa dulcinée, au prix d’un stratagème assez banal. Le piège ne prend pas, et tout finit dans un bain de sang. Fermez le ban.
Franchement, plus de deux heures trente pour arriver à cet épilogue, j’ai trouvé cela un peu long. Tarantino ne fait jamais court, et c’est bien le problème. Quand son histoire nous surprend, comme dans Pulp Fiction ou Jackie Brown, ça passe encore. Quand elle reproduit les schemas des autres épisodes de la série « Quentin fait du cinéma », c’est un peu laborieux. C’est ce qui fait la différence entre Tarantino et Spielberg ou Hitchcock: SPielberg raconte de belles histoires, toutes différentes. Hitchcock faisait dans le suspens, mais aucun de ses films ne ressemble à un autre.
Reste le style Tarantino. Alors oui, les dialogues sont sublimes, les costumes flamboyants, les acteurs se donnent à fond, et c’est vachement bien filmé, presque aussi bien que chez Spielberg.
Au final, ça reste le même schéma décliné à l’infini. Tarantino gagnerait sans doute à se renouveler…
PS: si j’avais distribué le film en France, j’aurais traduit le titre en Django se déchaîne. Pour une fois, la traduction du titre aurait sonné juste.
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec