Devoir d’exemplarité
Quel lien existe-t-il entre Novak Djokovic et Boris Johnson ? Tous deux ont été embarqués dans un maelström médiatique, dont ils n’imaginaient probablement pas l’ampleur. Et tous deux le sont pour les mêmes raisons : avoir menti sur leur comportement pendant la crise sanitaire, et avoir manque à leur devoir d’exemplarité.
Panique à Downing Street
Du côté du 10 Downing Street, les faits remontent à près de deux ans, et se sont répétés à plusieurs reprises. Le premier ministre anglais aurait assisté, ou laissé organiser dans sa résidence officielle, des fêtes alcoolisées. La première eut lieu dès mai 2020, alors que la Grande-Bretagne vivait ses premiers jours de confinement, et qu’un mois plus tôt, à peine, il avait été hospitalisé et même passé une nuit en soins intensifs. Mais la f^te qui passe le moins, aux yeux du public anglais, est sans doute la nuit de célébration du départ du directeur de la communication de l’équipe de BoJo, la veille des funérailles de l’époux de la reine, Philip Mountbatten.
Du côté du numéro un du tennis mondial, ce n’est pas plus glorieux. Arrivé à Melbourne il y a deux semaines pour disputer le premier tournoi du grand chelem, Novak Djokovic pensait passer à travers les mailles du filet australien, qui exige de chaque ressortissant qui débarque sur l’île la preuve de son parcours vaccinal. Or Djoko, surnommé depuis « Novax DjoCovid », ne s’est pas fait vacciner. Il pensait bénéficier d’une exemption de vaccination, mais patatras, il a été contraint d’expliquer qu’il avait en réalité contracté le virus, négligeant même les mesures de distanciation élémentaires durant des événements et des interviews qui ont eu lieu en décembre dernier. Cela n’a pas du tout fait rire les autorités australiennes, qui l’ont placé dans un centre de rétention, avec des réfugiés moyen-orientaux coincés dans un tel centre depuis plusieurs semaines.
Novax Djocovid
Résultat : Djoko, qi avait tant brillé en 2021, vient d’être expulsé. Il rate ainsi l’occasion d’engranger une nouvelle victoire à l’Open d’Australie, et de devenir le seul détenteur du record de victoires en grand chelem.
Bojo et Djoko, même combat ? Oui. Tous les deux paient le prix de leurs mensonges et de leur manque de transparence. Ces deux célébrités, qu’on pensaient habituées à vivre une vie sous constante exposition, n’ont pas pris la dimension de leurs incartades, à l’heure où le numérique permet de suivre les individus à la trace, où le moindre smartphone peut immortaliser à jamais le travers de quelques instants.
Les défenseurs d’une protection accrue de la vie privée numérique y trouveront probablement l’illustration flagrante des risques qu’ils considèrent qu’une société numérique fait encourir à la majorité de citoyens.
Paradoxalement, il est probable que ce sont les mêmes qui exigent, de la part de ces individus, un peu plus d’exemplarité.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Je me demande quand même si ça ne va pas un peu trop loin pour Djokovic, c’est quand même pas difficile de vérifier s’il est porteur du virus, quitte à le faire à chaque match, ou tous les jours matins et soirs. C’est quand même se priver d’un grand spectacle pour faire appliquer un principe général. Je sais pas si l’humanité a vraiment à gagner à être aussi stricte . Qu’on soit stricte sur la masse, pour avoir un effet statistique important, je comprends, mais quand on traite en détail un cas particulier, c’est différent.
D’accord avec toi, trop de rigueur tue la rigueur. Mais les temps sont durs…
C’est une tendance probablement aussi ancienne que les différentes hiérarchies dans les groupes humains, pour certains de ceux qui sont tout au sommet, de croire que ça les place au-dessus des lois.
Heureusement pas tous.