Deuxième vague de confinement
Et voilà, c’est reparti pour un tour (ou comme en 14, vous avez le choix des expressions). Tout comme en mars 2020, ce second confinement généralisé a débuté par une allocution présidentielle, aux allures de déclaration de guerre, sur un ton extrêmement pédagogique, énonçant une après l’autre les différentes options qui se présentaient, avant de les balayer toutes pour n’en garder qu’une seule : le confinement. Mais si le confinement du printemps nous avait pris de court, celui-ci était quand même assez prévisible.
Il n’y avait qu’à observer, pendant que nous nous délassions cet été, ce qui se déroulait de l’autre côté de l’équateur, dans l’hémisphère sud. On avait beau mettre sur le dos du président brésilien et de son attitude de matador face au virus, l’explosion du nombre de cas de covid, il était clair que l’automne ou l’hiver allaient favoriser la seconde vague si redoutée. Car pour se protéger du froid et de la pluie, l’espèce humaine a pris l’habitude, et c’est bien normal, de se protéger en se regroupant dans des endroits clos, favorisant ainsi l’expansion de l’épidémie.
Alors certes, le nombre de victimes quotidiennes semble inférieur à celui constaté au printemps. Mais il serait naïf de ne s’intéresser qu’à cet indicateur. Celui du taux d’occupation des places en réanimation est autrement plus significatif. Le ou la Covid (décidément je ne me ferai jamais à son genre) est une maladie pernicieuse, qui tue à petit feu, au bout de quelques jours, laissant à ses victimes le temps d’en infecter d’autres. C’est ce qui fait toute la difficulté de la gestion de l’épidémie, et qui déclenche une telle vague d’hostilité face à ce confinement qui, pourtant, paraît presque plus léger que le premier : enfants à l’école, autorisation de maintenir l’activité dans certains secteurs professionnels.
Peut-être aurait-il fallu confiner deux semaines plus tôt ? Mais qui aurait accepté qu’on ferme bars et restaurants, alors que le taux d’occupation était deux fois moindre ? Ou confiner deux semaines plus tard ? Mais qui n’aurait pas crié au scandale face aux douloureux choix qu’auraient alors eu à faire les équipes médicales, face à l’afflux de malades ?
Vous trouverez plus d’infographie sur StatistaIl n’y avait pas de bonne ou de mauvaise date. Il y avait une décision à prendre, et comme dans d’autres pays où cela a également été remis en oeuvre, il fallait imposer un confinement. On pourra certes discuter des modalités de discussion. Mais à voir l’exode hier soir sur les routes franciliennes et les achats massifs de produits de première nécessité, il me semble que ce deuxième épisode se déroulera avec moins de patience et de civisme de nos concitoyens que le premier.
Et puis en cas de souci, il reste les attestations dérogatoires. Et pour ce nouveau confinement, le ministère de l’intérieur nous en a concocté un large choix : pour accompagner les enfants à l’école, faire pisser le chien, se rendre à un rendez-vous avec les services publics, et même, pour les chanceux … se rendre au travail.
Bon confinement à tous.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec