Deux ou trois choses à dire sur le débat Zemmour-Lemaire
Les lecteurs de ce blog savent que je ne suis pas un fervent aficionado d’Eric Zemmour. Comme pour beaucoup de compatriotes, ses récentes prises de position m’ont passablement déçu et ce n’est probablement pas le candidat vers lequel je porterai mon suffrage dans quelques mois. Mais quoiqu’il en soit, je considère qu’il mérite, comme tout candidat, un traitement aussi neutre et impartial que possible.
Le récent débat qui l’opposait à Bruno Lemaire, l’actuel ministre de l’économie et des finances, sur France 2, ne relevait malheureusement pas de cette philosophie. Non pas dans son déroulement, pas plu choquant qu’un autre débat entre deux personnalités politiques ayant des avis différents, mais dans un enchaînement subtil, comme seule la télévision publique sait nous en proposer. Deux jours après ce débat, animé par Léa Salamé, nous avons en effet eu droit à une nouvelle intervention télévisée du même Bruno Lemaire, dans une émission co-animée par Léa Salamé, où ce même ministre a pu se livrer à un numéro d’auto-satisfaction passablement agaçant… mais cette fois, sans débat contradictoire avec Zemmour Éric.
Bruno Lemaire, c’est un peu le gendre idéal, tout beau, tout propre, rien à se reprocher. Le type capable de vous vendre un bilan extraordinaire, alors que dans l’ensemble, il n’a rien fait de plus brillant que ses pairs, en Europe. Un petit côté premier de la classe, option fayot particulièrement agaçant, qui fait parfois penser à cette catégorie de cadres supérieurs, experts en PowerPoint, prêt à tout pour passer devant les autres, au prix des contorsions les plus extravagantes. On l’avait connu candidat à la primaire LR, supporter de François Fillon, capable en quelques heures de se découvrir une flamme inattendue pour le président élu, qu’il conspuait l’avant-veille.
Cette interview, qui avait un look d’after, co-organisé par un ministre de la république et une animatrice télé qui a le vent en poupe, avait déjà de quoi décevoir. Mais quand au détour des échanges tout sourires, on put voir l’animatrice tutoyer, avant de se rattraper, le-dit ministre, la messe était dite – allez voir le Replay, c’est encore accessible, vers a 15ème minute de l’échange. Ce n’était plus une interview inattendue à l’occasion de la sortie d’un livre – le quatrième ! – écrit par un ministre suffisamment à l’aise dans ses dossiers pour se consacrer à l’écriture, mais un numéro sagement orchestré entre deux apparatchiks, de connivence, pour tacler le candidat Zemmour.
Certes, ce dernier a suffisamment pu se déchaîner contre le gouvernement en place, durant ces dernières années, dans les émissions auxquelles il participait sur une chaîne concurrente.
Mais jamais dans une telle mascarade qui, quelque part, me rappelait le final des Illusions perdues, avec Eric Zemmour dans le rôle de Lucien…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Je partage votre avis mais il faut reconnaître que l’initiative de Z de se rendre en Arménie était courageuse et pertinente. Restons objectifs. Bien à vous