Défilé printemps-été de premiers ministres au NFP
De tous les défilés de mode, celui qui m’a le plus marqué est sans doute celui organisé dans le film Fellini Roma. On y voit, durant une longue séquence d’une dizaine de minutes, défiler plusieurs personnages portant des tenues ecclésiastiques allant des plus flamboyantes aux plus farfelues, comme pour montrer qu’une même fonction peut s’exercer sous différents accoutrements. Version italienne du diction « L’habit ne fait pas le moine », sans doute.
Je ne pensais pas écrire sur ce défilé un jour. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est à ce défilé de mode hors du commun que m’a fait penser le défilé des candidates pour le poste de premier ministre, défilé organisé par le Nouveau front populaire depuis trois semaines. Un défilé avec moins de modèles, mais un défilé tout aussi extravagant et parfois, disons le courtoisement, chatoyant.
Tout a débuté, de manière non officielle, un peu comme avec un festival qui commencerait par le « off » avant que ne démarrent les festivités officielle. Avec une veste verte, bien évidemment, celle de Marine Tondelier, la candidate écolo. On a vu l’élégante candidate venir s’annoncer comme disponible pour tenir ce rôle dès les premières heures après les résultats du second tour, pour rapidement disparaître de l’écran : dans un défilé, c’est bien connu, on garde les top models pour la fin…
Car dès lors que LFI a compris qu’il ne fallait surtout pas laisser une candidature sérieuse s’imposer, sont apparues les stars inconnues de ce défilé. En commençant par une candidate certes expérimentée, Huguette Bello, 73 ans, mais assez peu connue de ce côté-ci de l’hexagone. Elle est pourtant Présidente du Conseil régional de la Réunion. La Réunion, c’était un beau symbole pour le consensus souhaitable pour la gauche, mais auquel n’ont pas abouti les discussions entre les différents partis constituant ce NFP ?
Qu’à cela ne tienne, un défilé c’est fait pour durer, et nous avons donc eu le plaisir de voir apparaître une nouvelle candidate, tout aussi talentueuse que les autres, puisque nous lui devons, entre autres bienfaits, les accords de Paris sur le climat. Las, proposée d’un commun accord par le PS, le PC et les Verts, elle a été fait retoquée par les pontes de LFI : pas assez à gauche pour les amis de Rima Hassan ?
C’est alors que nous avons eu droit à une nouvelle candidate sortie de nulle part – en l’occurrence de la Mairie de Paris – en la personne de Lucie Castets. Le front haut, le regard perçant, les lèvres enduites d’un rouge à lèvres du plus bel effet, elle nous a gratifiés de quelques prises de paroles dignes du meilleur Komintern, alliant langue de bois et reconnaissance factuelle de son ignorance sur certains dossiers : la voix de son maître n’était pas tout à fait rodée…
Nous en sommes là de ce défilé.
Ne boudons pas notre plaisir, c’est déjà pas mal.
Et l’on peut commencer à tirer quelques conclusions.
L’âge importe peu, tout d’abord, puisque nos candidates ont entre 37 ans (Castets et Tondelier) et 73 ans (Bello).
D’un point de vue du genre, ensuite : la mode premier ministre printemps-été 2024 se décline, à gauche, au féminin. On n’en est pas encore au stade de la candidate pour la présidentielle – l’échec de Ségolène Royal en 2007 et le score pathétique d’Anne Hidalgo en 2022 sont encore frais dans les mémoires – mais pour jouer le rôle de premier ministre aux ordres d’un Mélenchon aux aguets, aucun candidat mâle n’a pour l’instant été sélectionné.
Du point de vue vestimentaire, enfin, on peut bien évidemment apprécier la diversité allant du gris au vert (du meilleur sprinteur) en passant par le maillot à pois du meilleur grimpeur. Il nous manque un petit maillot jaune, mais cela viendra sans doute à la rentrée, avec probablement un maillot arc-en-ciel.
Tout cela est de très bon augure pour le défilé de mode automne-hiver, prévu d’ici quatre semaines après la trêve olympique.
En attendant faites vos jeux !
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
J’ai une théorie horriblement sexiste : la gauche n’a mis en avant que des femmes car les mecs savent bien que c’est foutu d’avance et qu’ils ne peuvent pas gouverner. Aucun mec n’accepterait d’aller se faire humilier dans une bataille perdue d’avance.
C’est exact, on attends toujours le premier candidat LFI a ce type de mascarade. La pauvre Lucie Castets mériterait même un film dédié à ce sketch qui dure depuis un mois…