Coronavirus, tirer les leçons du sida ?
J’ai posté il y a 3 semaines, sur ce même blog, un billet dans lequel j’exposais le point de vue que le confinement n’allait, non seulement rien régler, mais surtout mettre à plat l’économie mondiale pour rien. Aujourd’hui, deux constats commencent à être faits :
- le confinement, s’il a ralenti la courbe des malades, permettant ainsi aux systèmes de santé occidentaux d’étaler un peu mieux l’afflux de patients, n’a pas endigué la pandémie
- le confinement doit être levé, et il le sera avant que la pandémie ne soit vaincue
En effet, il y a trois semaines j’écrivais que le confinement ne marchait pas – et ne marcherait pas. Qu’avons nous vu ?
- des courbes qui s’aplatissent très (trop) lentement (Espagne, Italie) ;
- des foyers d’épidémie ingérables (Bnei Brak en Israel) ;
- des pays non confinés qui rivalisent avec les pays confinés (Suède, Allemange) ;
- des pays où la pandémie repart après s’être calmée (Singapour) ;
- et surtout des pays – tous en fait – où l’on se demande comment sortir du confinement.
Chacun s’accorde à dire, en effet, que, s’il l’on lève le confinement du jour au lendemain, en ré-autorisant les restaurants, les bars, les matches de foot, les spectacles, voire les élections :-), la pandémie repartira de plus belle.
C’est pourquoi je propose de tirer les leçons du sida. Bien entendu,
- du point de vue médical, ces deux fléaux n’ont rien à voir. Mais la guerre contre le virus étant une chose trop sérieuse pour la laisser aux médecins, je me propose de nous affranchir de la comparaison médicale.
- du point de vue épidémiologique, leur modes de transmission sont totalement différents.
ils ont toutefois plusieurs points communs :
- Ils tuent
- On n’en sait pas tellement plus sur le Covid-19 aujourd’hui, qu’on en savait sur le sida en 1985
- On ne peut espérer aujourd’hui que les gens acceptent de rester chez eux ad vitam, comme on ne pouvait espérer alors qu’ils cessassent de forniquer.
Mais revenons en arrière, et reprenons les choses dans l’ordre : pour enrayer une épidémie, plusieurs outils peuvent être utilisés, séparément ou conjointement :
- espérer que le virus mute et devienne inoffensif
- vacciner : oui, mais pour cela, il faut un vaccin
- guérir : oui, mais pour cela, il faut un traitement
- atte(i)ndre l’immunité collective : les mesures de confinement prises ayant pour effet de retarder l’exposition de la population au virus, on ne s’y oriente pas
- empêcher la transmission entre individus par
- la distance – la fameuse distanciation sociale dont l’asymptote est le confinement
- les barrières physiques (masques, gants, gel)
- le civisme : je sais que je suis contagieux, alors je suis attentif
Ma conviction intime, c’est que nous ne vaincrons pas la pandémie de Covid-19 plus que nous n’avons vaincu le sida. Nous nous contenterons de vivre avec elle et de la maîtriser. Et pour longtemps.
Le sida :
- n’a pas été vaincu – pourquoi ?
- mais a été maîtrisé – comment ?
- le virus n’a pas muté. Ou il a peut être muté, mais pas assez pour devenir inoffensif. l’espérer était un peu naïf….
- on n’a toujours pas de vaccin; 35 ans après !
- on commence à peine à envisager l’idée d’avoir un traitement qui guérit, même si l’on sait traiter depuis des années
- heureusement, on n’a pas attendu l’immunité collective avant de réagir
- on a en effet maîtrisé la contagion
- non par la distanciation – essayer d’expliquer sur la durée à l’être humain qu’il faut éviter les relations sexuelles hors mariage, seul le Pape l’a osé
- mais par la barrière physique – le préservatif…
- … et morale / sociale : le test
L’humanité vit maintenant « confortablement » installée avec le sida. Ceux qui l’attrapent aujourd’hui sont, sauf exceptions – tragiques par ailleurs – ceux qui ont pris le risque d’avoir des relations sexuelles non protégées avec un partenaire non testé. Et l’humanité continue de vivre.
Nous devons sortir du confinement. Attendre que le Covid-19 soit vaincu pour ce faire est tout simplement impossible. Il faut que nous apprenions à vivre avec. Pour cela, il faut que nous apprenions à vivre avec des masques dès que nous sommes en espace fermé – les préservatifs du XXIème siècle – et à nous laver les mains.
Nous n’avons pas le choix.
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A heavy weather skipper
Certes il faudra vivre avec le Sras-Cov-2, de même que nous vivons avec le VIH. Mais il y des différences essentielles:
* La contamination par le VIH est bien connue et contrôlée, et nécessite une intimité forte. Celle du Sras-Cov-2 est bien moins connue, et beaucoup plus forte.
* La guérison du Covid-19 est possible – 95% des cas, l’autre issue étant le décès – et provoque une immunité qui protège le convalescent et son entourage, au moins jusqu’à la prochaine mutation. Au contraire le SIDA est une maladie dont on ne se débarrasse pas, mais que l’on peut maîtriser.
C’est pourquoi les priorités selon moi, dans la perspective d’un déconfinement qui ne tourne pas au désastre, sont:
* l’identification des premier immunisés, chefs de cordée de la sortie, par tout moyen et surtout en utilisant le faisceau de présomption: suivi sanitaire (souvent incertaine) + tests sérologique (parfois faux),
* le progrès dans les soins, notamment pour prévenir les 5% de cas critiques avant d’être contraint de les intuber,
* le vaccin, bien entendu.
Sans oublier ni négliger les comportements antagonistes de la contamination.
Amitiés.