Les contre-exemples en mathématiques
Je ne sais pas pourquoi passé la cinquantaine, les vieux taupins que nous sommes se remettent, parfois, aux maths de prépa. Est-ce un vice, le symptôme d’une passion refoulée, ou bien une forme originale de démon de midi? Je n’en sais rien, mais je constate le phénomène avec amusement puisque je suis moi-même concerné. Je me suis remis à lire des bouquins de maths d’un niveau post-bac, comme on dit de nos jours, avec un mélange de plaisir (celui de retrouver une matière fortement appréciée) et de frustration (mon cerveau ne réagit plus au quart de tour, et certains exercices qui étaient jadis à ma portée, sont devenus difficiles; question d’entraînement, peut-être). C’est ainsi que je me suis procuré récemment Raisonnements divins, et ce livre étrange, les contre-exemples en mathématiques.
Les notions qui y sont abordées sont des notions de classe prépa, il faut donc un bagage minimum pour s’y plonger. Mais si on en prend le temps, on ne regrette pas le voyage. Bertrand Hauchecorne y couvre la quasi totalité des domaines abordés ne prépa: groupes, anneaux, corps, topologie, limites, intégration, suites et séries, etc. Mais au lieu d’aborder ces domaines de manière traditionnelle, avec un cours, des exemples et des exercices, l’auteur a décidé de se concentrer sur un thème générique: les contre-exemples.
Des contre-exemples de toutes sortes. On y trouve, par exemple, le cas d’une fonction continue sur R, dérivable en tout point de R\Q, mais qui n’est dérivable ni à droite, ni à gauche, en tout point de Q. Ou encore celui, étonnant, d’une partie dun anneau qui n’est pas un sous-anneau, mais qui est un anneau pour les lois de composition induites. Certains cas sont tarabiscotés, mais valent le coup d’oeil, ne serait-ce que pour nous rappeler qu’en mathématiques, comme dans bien des domaine,s il est dangereux de tirer des énoncés généraux en ne nous fiant qu’à notre intuition.
A lire, donc.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Il n’y a pas que l’âge ! J’y suis revenu à cause d’une mission professionnelle dans une petite entreprise où les calculs en « hommes-virgules » n’avaient aucun sens : c’était un pb discret avec du PGCD dans l’air. C’est ainsi que je suis devenu un fana de THEORIE DES NOMBRES, peu enseignée de mon temps, ni en prépa ni à l’X.
Exemple de contre-exemple : une conjecture de Fermat fausse pour F5 :https://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_de_Fermat#Premi%C3%A8res_propri%C3%A9t%C3%A9s
Signe de l’âge.
La revue de Cambridge citait des exemples de ce type. Des anciens élèves se remettaient à faire des thèmes et des versions latins et grecs, à un âge avancé, notamment. Cela allait avec le cauchemar récurrent des examens.
On parle aussi de ces gens qui ont vécu des moments atroces (par exemple la guerre de 14), qui n’en ont jamais parlé, et chez qui ils ressurgissent dans leurs derniers temps.
Peut-être balance t’on dans l’inconscient ce qui est particulièrement stressant ? Mais qu’il finit par ressurgir ? Faire du grec ou des maths, serait-il un moyen de conjurer le passé ?
ou de renouer avec d’antiques passions?