Confinement, acte III
C’est reparti pour un tour ! Les confinements succèdent aux vagues, comme le beau temps à la pluie. Après le premier épisode de mars 2020 et celui d’octobre dernier, nous voici repartis pour un confinement de 4 semaines. Mais un confinement « light », cette fois, et à plus d’un titre.
D’abord, par les régions où il s’applique. Les deux premiers confinements concernaient l’ensemble du territoire, celui-ci ne touche que la quinzaine de régions où le virus circule le plus activement. C’est normal, La Baule n’a pas à payer pour les excès de Pantin.
Par le mode d’annonce, également. Alors que le président de la République s’y était attelé les deux premières fois, c’est le premier ministre qui s’est chargé de l’annonce hier soir, dans son style très particulier. C’est normal, comme le fait remarquer Frédéric Says, ce confinement-ci ne concerne que quelques départements, y compris l’Ile de France, et on aurait pu accuser Emmanuel Macron d’un certain parisianisme, se déplaçant à la télévision pour Paris et sa banlieue, mais non pour Calais et les Hauts de France. Mais cela a des conséquences terribles : l’aisance verbale du chef de l’état contraste avec les lourdeurs de style de Jean Castex, qui n’est pas au mieux de sa forme. bref, vous m’avez compris : par certains moments, cela ressemblait à un florilège de ses imitations.
Enfin, alors que les premiers confinements étaient stricts et abrupts, celui-ci se veut plus nuancé, comme si le gouvernement avait fini par tirer des conclusions de certaines décisions antérieures, particulièrement absurdes. Par exemple, nous avons de nouveau droit à des attestations dérogatoires de sortie, mais inutile de les imprimer : on les trouve sur l’application Stop Anti machin truc Covid. Surtout, elles ne sont plus limitées à une heure, et permettent de s’éloigner de son domicile jusqu’à 10km, et non 1km comme c’était précédemment le cas. Le couvre-feu de 18h a été reculé à 19h, ce qui laisse un peu plus de temps pour faire ses courses et réduira peut-être l’encombrement et les longues queues aux caisses.
En réalité, ce qui a changé dans ce confinement light, c’est la philosophie même du confinement, dont l’objectif, rappelons-le, est de faciliter la mise en oeuvre des principes de distanciation pour réduire la charge dans les hôpitaux. Ou si vous préférez, réduire la taille de la bouteille, pour ne pas créer d’encombrement au goulot. On peut certes sortir, mais on ne doit pas faciliter les possibilités de se rencontrer. C’est là tout l’enjeu, et le paradoxe de la situation. Les écoles restent ouvertes, tout comme les transports en commun, afin d’éviter de se retrouver dans la situation de l’année passée, même si cela peut être perçu comme une faille dans le système mis en place. Les vacances de Pâques, qui tombent pile dans les 4 semaines de confinement, réduiront probablement l’impact de ces lieux de brassage.
Dieu, que cela semble long ! L’absence de perspective est ce qui nous fait le plus de mal. Ailleurs, dans le monde, ce n’est pas forcément mieux. Mais le changements induits par l’élection américaine, avec un président plus concerné par la santé de ses compatriotes, ou le succès de la stratégie vaccinale en Israel, donnent l’impression que quelque chose est en train de se passer, et que là-bas, on s’approche plus rapidement de la fin de cette triste période. Mieux, en vaccinant à tour de bras, de jour comme de nuit, à la chaîne, des millions de personnes, ces états sont en train de rétablir peu à peu le fonctionnement de leurs économies : le redémarrage se produira plus vite, et nous serons, encore une fois, à la traîne.
Le contraste est terrible avec la morosité et l’immobilisme qui prévalent chez nous. Les atermoiements autour du vaccin AstraZeneca, la lenteur de la campagne de vaccination, et, il faut le dire, l’expression vraiment laborieuse du chef du gouvernement, n’augurent rien de bon. À ce rythme, on en est presque à se demander si nous seront sortis de l’auberge avant le début de l’élection présidentielle de 2022… Si tel n’était pas le cas, et si nous n’étions qu’à 30 ou 40% de population vaccinée à la même date l’année prochaine, il faudra alors reconnaître l’échec de la politique menée jusqu’ici.
Avec toutes les conséquences que cela pourrait induire.
Et la fin du en même temps.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec