Conclave
Dans toutes les grandes religions, l’ascension d’une autorité représentative, locale ou globale, requiert des compétences qui vont au-delà de la connaissance des textes sacrés. Se faire accepter comme représentants d’autres représentants ecclésiastiques, au travers d’alliances parfois improbables, cela demande également un sens politique, gage d’une certaine expérience du maniement des hommes, à défaut d’une compréhension fine des enjeux sous-jacents au poste brigué. Mais au moment du choix du représentant suprême, qu’est ce qui doit l’emporter ? Le politique doit-il prendre le dessus sur le religieux, ou bien n’est-il qu’un art mineur au service d’un projet divin de plus grande ampleur ?
Habemus Papam ?
C’est la question que pose en filigrane Conclave, un film d’excellente facture, qui décrit minutieusement le déroulement du conclave qui se déroule suite au décès subit du Pape en exercice. Intrigues de cour, jeux de pouvoir, tout cela se précise peu à peu sous les yeux du spectateur médusé, alors que le doyen des cardinaux, incarné par un Ralph Fiennes en grande forme, fait de son mieux pour que ce conclave respecte toutes les apparences…
Conclave ne manque pas de mérites, sa réalisation sobre et son exposé précis du déroulement d’un conclave n’étant pas les moindres. Mais dans son effort pour montrer l’opposition entre le politique et le religieux, il finit par défendre un point de vue qui, à mon sens, s’oppose au message qu’il essaie de faire passer pendant les deux heures qui précèdent sa conclusion. Est-ce pour plaire au jury des Oscars ? J’aimerais bien avoir l’avis de mes lecteurs catholiques, tant sur les qualités intrinsèques de ce film, que sur son étonnante fin…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Lecteur catholique, chrétien, j’ai trouvé aussi que cette fiction avait la grande qualité d’un véritable reportage dans la pâte humaine – je n’ai cessé de penser pour ma part à l’élection des grandes figures que furent Jean-Paul II et Benoît XVI – mais que la fin, que je pressentais plus ou moins dès l’apparition de ce cardinal «in pectore», était une désastreuse et stérile soumission à la dictature médiatique d’une pensée unique qui disqualifie, et donc interdit, elle s’en cache à peine, tous les autres cheminements.
Par parenthèse, ce doit être une tare de nôtre époque quand on voit par ailleurs le déchaînement antisémite d’aujourd’hui, qui ne laisse pas la moindre place à l’autre.
Merci, nous sommes en phase. Film intéressant mais qui, probablement pour répondre aux critères des Oscars, s’impose une fin abracadabrante… cf. https://www.hervekabla.com/wordpress/woke-fiction/