Compte-rendu de la conférence "les boss qui tweetent et ceux qui ne tweetent pas avec IPSOS et Media Aces"
Mardi matin avait lieu, à MINES ParisTech, une formidable conférence sur les boss qui tweetent et ceux qui ne tweetent pas, organisée par Media Aces. Pour monter cette conférence, un partenariat entre Media Aces et IPSOS France avait été conclu bien en amont, afin de mener une étude sur l’usage de Twitter par les dirigeants d’entreprise, étude dont les résultats ont été publiés par Les Echos dès ce matin.
Je ne reviendrai pas sur l’étude IPSOS, abondamment reprise dans la presse d’ailleurs, mais plutôt sur les témoignages des dirigeants et dirigeantes invités, à partir des notes collectées sur Twitter. Car il est assez rare de voir un quarteron de dirigeants s’exprimer aussi librement sur cet outil qui attire à la fois curiosité, passion et craintes, de la part de chefs d’entreprise.
Nicolas Bordas
Nicolas Bordas est, de toute évidence, celui qui est le plus à l’aise sur Twitter – il suit même la conférence sur son iPad. Il est présent depuis 2009, et reconnaît avoir eu quelques réticences au tout début. Mais depuis, quelle virtuosité! Il faut dire qu’à la tête d’une agence digitale (TBWA Europe), il lui faut démontrer à chaque instant sa maîtrise des outils qui font son quotidien: ses collaborateurs doivent être sur Twitter, ne pas y être est un signe de non professionnalisme.
Nicolas Bordas commence très fort son intervention, en citant l’arrivée récente d’Hillary Clinton sur Twitter: 300 000 followers pour un tweet, on se situe entre Xavier Niel et Le Pape… Pour Nicolas Bordas, Twitter est d’abord une mine d’information, qui lui permet d’être en avance sur les organes habituels de diffusion de l’info: il n’est plus jamais surpris par une information délivrée par la presse.
Twitter demande une certaine rigueur: il faut relire ses tweets, même Valérie Trierweiler le reconnaît. Ceci étant mis à part, Nicolas Bordas identifier 5 raisons pour un chef d’entreprise d’être sur Twitter.
- la veille et l’accès rapide à l’information en temps réel
- l’accès aux experts
- la communication interne (plausible dans une entreprise digitale)
- la gestion de la réputation
- la possibilité de déminer les crises en amont
L’accès aux journalistes fait également partie des avantages liés à la plateforme.
Il propose également 4 freins à l’adoption de Twitter par les boss, freins qu’il balaie un à un.
- la perte de temps: comme tout outil, il requiert une gestion appropriée…
- les risques présupposés: mais un patron prend également des risques quand il roule à grande vitesse…
- le syndrome du « je n’ai rien à dire »: absolument faux, chaque patron a une histoire à raconter
- l’équilibre entre vie pro et vie perso: cela se règle par une certaine hygiène de vie
Bref, Nicolas Bordas fait partie de ces patrons du digital, à l’aise avec Twitter comme avec les autres concepts de la communication digitale. Un exemple à suivre?
Françoise Gri
Françoise Gri n’a absolument pas le même profil. Son parcours brillant l’a mené d’IBM France, à Manpower France puis à la tête de Pierre & Vacances. C’est en arrivant chez Manpower qu’elle a eu sa première expérience du web social, en ouvrant son blog, accompagnée par Spintank dans un premier temps. Le blog lui a servi à développer une première expérience de communication interactive, et surtout à défendre ses sujets très chahutés à cette époque: mauvaise perception de l’intérim, dans une France qui abordait les années de crise, statut de la femme dans les entreprises.
Ayant constaté de plus en plus de mentions de Twitter sur son blog, elle s’est prise au jeu d’ouvrir son propre compte. Le résultats, c’est un compte Twitter engagé, qu’elle tient bien sûr elle-même. Elle incite ses collaborateurs, et particulièrement les cadres, à se lancer sur le web social et particulièrement Twitter, parce que c’est là que se trouvent les clients de l’entreprise qu’elle dirige.
Gonzague de Blignières
Gonzague de Blignières se définit comme accro des outils de communication traditionnels: téléphone, SMS, mail, mais confirme ne pas se sentir à l’aise sur Twitter. Il est fasciné par tous ces gens qui sont capables de Twitter en même temps qu’ils assistent à une conférence – et c’était le cas ce matin – mais ne considère pas que Twitter soir le chemin obligé pour communiquer et développer son réseau. Pour lui, les relations humaines priment.
Il reconnaît néanmoins une utilité à Twitter, lors de l’affaire des « Pigeons » qui se sont ligués contre la réforme de la taxation des plus-values voulue par le gouvernement à l’automne dernier. En revanche, il n’apprécie nullement le snobisme de la coruse aux followers, et considère Twitter comme un outil qui peut faire irruption dans la sphère privée.
Gonzague de Blignières a un discours construit, et une aisance particulière pour les formules chocs. Il ferait, nous le pensons, un excellent twittos. Du reste, la salle l’a plébiscité en ce sens, et lui a déjà réservé un compte: @GDeBlignieres…
Bruno Witvoët
Bruno Witvoët, patron d’Unilever France, et très au fait du digital. C’est normal, ses marques en font un usage abondant, et parfois très décalé, comme ce fut le cas pour Ben & Jerry (une marque gérée par Raging en France, l’une des premières à s’être dotée d’un blog) lors du premier mariage gay.
Pourtant, il ne voir pas d’intérêt à court terme pour une présence personnelle sur Twitter. D’abord parce qu’être patron ne signifie pas forcément être une personnalité publique. Ensuite, parce que la prise de parole sur Twitter relève des libertés individuelles et des choix personnels: pour lui, il n’y a aucune obligation à s’exposer en permanence. Il refuse ce de considérer Twitter comme le principal outil d’information: d’autres moyens très efficaces existent aussi. Et cette relation à l’instantanéité le choque: le leader doit avant tout prendre du recul, réfléchir: ce n’est pas un suiveur.
Bruno Witvoët serait plutôt adepte si ce n’est du silence, du moins de la parole pesée, de celle qui prend tout son sens: sommes nous loin d’une certaine de manière de Twitter en réalité? La question mérite d’être posée…
Conclusion
Bref, cette conférence fut l’une des plus réussies. Un grand merci à Olivier Cimelière et Natacha Heurtault sans qui cet événement n’aurait jamais pu avoir le même succès, à l’équipe IPSOS France et Jean-Marc Goachet pour MINES ParisTech, ainsi qu’à l’équipe de Be Angels qui s’est démenée côté organisation.
A lire également, le compte-rendu chez Olivier et sur le site de Media Aces.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
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