Civil War
Imaginez qu’un président des États-Unis (je vous laisse mettre un nom…) refuse de céder sa place à l’issue de son second mandat, comme le veut la constitution, et de rester au pouvoir, en s’imposant par la force. À quoi une telle situation mènerait-elle le pays ? Pour le réalisateur de Civil War (à ne pas confondre avec le 3e opus de la série Captain America de Marvel), la réponse est claire : une guerre de sécession, qui verrait certains états se liguer contre le reste de l’union. Ici, en l’occurrence, il s’agit de la Californie et du Texas, deux états aux penchants politiques pourtant pas tout à fait alignés, qui constituent les « forces de l’ouest » et vont tout faire pour se débarrasser de cet encombrant président.
Dystopie, donc, et film de guerre sur le principe. Pourtant, et contrairement à ce que laisse penser son titre, Civil War n’est pas tant un film sur une éventuelle guerre civile aux États-Unis qu’un film sur les reporters de guerre, un peu comme le furent en leur temps La Déchirure, ou Under fire. On y suit les mésaventures d’une petite équipe de journalistes qui décide d’aller interviewer le président putschiste, le long de son périple de New-York jusqu’à Washington.
À la différence des autres films sur des journalistes impliqués dans un conflit, habituellement des journalistes américains épaulés par des locaux – ce qu’on appelle d enos jours des fixers – celui-ci se situe dans le pays d’origine des principaux protagonistes, ce qui ajoute une dimension additionnelle au drame qui se déroule à l’écran. Les photographes de guerre doivent non seulement figer sur la pellicule les scènes dont ils sont témoins, mais en outre mettre leurs émotions de côté, émotions décuplées par le sentiment de voir leur propre pays se déliter.
Sans être un chef d’oeuvre, Civil War bénéficie d’une réalisation soignée, sans éviter les pièges des clichés traditionnels que je ne citerai pas ici pour ne pas trop spoiler. . La première du film est particulièrement réussie, et m’a rappelé, par de nombreux aspects, certains passages du livre de Stephen King, Le Fléau, qui raconte lui aussi le périple de personnages qui quittent un New-York dévasté dans une sorte de road trip vers Las Vegas.
Ce n’est que sur la dernière demi-heure que le film bascule dans un final un peu grand guignol, où l’avalanche de scènes d’action censées illustrer la réalité d’un théâtre de guerre nuit au propos général. Son réalisateur et scénariste, Alex Garland, auquel on doit l’excellent Ex Machina, offre un spectacle de grande qualité, qui donne envie de voir ses autres films.
Enfin, allez voir Civil War sur grand écran plutôt que d’attendre sa diffusion sur un poste de télévision, dans le confort de votre salon…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec