Le centenaire de la Déclaration Balfour
Ce 2 novembre 2017, nous fêtons le centenaire de la déclaration Balfour. Cela ne vous dit rien? C’est pourtant l’un des événements majeurs qui ont pavé la lente accession du peuple juif à un état indépendant, sur la terre d’Israel. Faisons donc un saut cent ans en arrière.
Nous sommes donc en novembre 1917. Depuis trois ans déjà, l’Europe a sombré dans un conflit meurtrier qui ne semble jamais devoir cesser. Un conflit qui se déroule sur le sol européen, en France, mais aussi plus à l’est, sur le front russe d’une part, et au moyen-orient. L’Empire ottoman a décidé de se ranger dans le camp des empires centraux: funeste erreur, d’un point de vue géopolitique. Son immense empire sera dépecé au sortir du conflit. Les anglais, notamment, ont commencé à saper le pouvoir ottoman en suscitant une révolte des tribus arabes, menée par un officier britannique, un certain T.E.Lawrence, plus connu sous son surnom de Lawrence d’Arabie, qui en racontera les moindres détails dans un superbe livre, Les sept piliers de la sagesse, un livre dont je vous recommande vivement la lecture.
Mais revenons à nos moutons. A l’est, sur le front russe, cela s’annonce mal: la révolution d’octobre (de novembre pour notre calendrier) n’a pas encore eu lieu, mais il est certain que si les russes se désengagent, les allemands pourrons regrouper leurs forces sur un seul front. Il est indispensable, pour la couronne britannique, de trouver des moyens de se renforcer.
Ce renfort peut venir de la part de l’immigration russe, probablement pas si nombreuse que cela. Un certain Arthur Balfour, Lord de son état, a justement fait son possible pour en limiter l’impact en 1905, lorsqu’il était premier ministre. Sans qu’il soit besoin de le taxer d’antisémitisme, disons qu’il a probablement fait son possible pour limiter l’immigration des réfugiés juifs, chassés par les pogroms de Kichinev et de Jitomir. Les États-Unis ont certainement bénéficié, en termes de capital humain, de cette hostilité britannique du moment.
Mais en 1917, la réalité politique l’amène à reconsidérer son choix et ses options politiques. Car parmi les réfugiés russes, il en est un qui est sujet de sa Majesté depuis 1910. Brillant chimiste, il élabore des mécanismes qui permettent de produire des explosifs en grandes quantités, et peut donc contribuer à l’effort de guerre. Est-ce en remerciement de son implication (cf. ici)? Ou bien pour mobiliser les communautés juives contre les empires centraux ? Nul ne le saura, sans doute.
Toujours est-il que le 2 novembre 2017, une note émanant de Lord Balfour – alors Lord de l’Amirauté – annonce que le gouvernement de sa Majesté verrait favorablement l’établissement d’un « foyer national pour le peuple juif » sur le territoire alors appelé Palestine.
His Majesty’s government view with favour the establishment in Palestine of a national home for the Jewish people, and will use their best endeavours to facilitate the achievement of this object, it being clearly understood that nothing shall be done which may prejudice the civil and religious rights of existing non-Jewish communities in Palestine, or the rights and political status enjoyed by Jews in any other country.
Voilà, tout y est, et rien n’y est. Le Royaume-Uni, n’est, à cette époque, pas encore en possession de ce territoire minuscule, mais les accords Sykes-Picot sont déjà passés par là, et le gouvernement de sa Majesté peut accorder un foyer national pour le peuple juif. Il faut dire que depuis une vingtaine d’années, le Congrès juif mondial chercher à renforcer cette présence. Il faut dire qu’après l’affaire Dreyfus, la nécessité d’une solution territoriale à la question des juifs d’Europe devient pressante; solution qui ne verra le jour, hélas, qu’après le massacre de 6 millions de juifs.
La déclaration Balfour constitue donc une pièce importante du puzzle, à laquelle se réfèreront souvent les principaux responsables du foyer national en train de naître. Après les deux premières Alya, la déclaration Balfour va donner une nouvelle impulsion, et permettre l’élargissement de la population juive en Palestine mandataire. D’une centaine de milliers d’individus, elle passera à plus de six cents mille personnes à la veille du second conflit mondial.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Je suis atterré par le révisionnisme historique dont fait preuve la presse française, avec un belle unanimité, quand elle emploie le mot « palestiniens » pour désigner les populations arabes qui vivaient sous le mandat britannique.
Ce révisionnisme témoigne d’une ignorance crasse de l’Histoire, si ce n’est d’une hostilité profonde à l’encontre de l’Etat juif.
Il est en effet facile de constater que, à l’époque du mandat, le mot « palestinien » désignait en premier lieu les juifs.
https://www.google.fr/search?q=larousse+palestiniens&tbm=isch
Et les chiffres démographiques montrent que, à la création de l’Etat d’Israël en 1948, la majorité de la population arabe n’était pas autochtone mais immigrée (certainement venue des pays voisins pour bénéficier de la croissance économique créée par les pionniers juifs).
Par exemple (sachant que le mandat comportait également le territoire de l’actuelle Jordanie):
https://fr.wikipedia.org/wiki/Palestine_mandataire#D.C3.A9mographie
Perfide Albion ?
Pas à ce moment là. Mais 20 ans plus tard, avec la mise en place de quotas d’émigration, c’est plus chaud.