Cantique des quantiques
Je n’ai jamais été un grand fan de tout ce qui était cantique. Ça remonte déjà à quelques années. Plutôt faible en physique, j’avais bien du mal avec les concepts qu’on abordait, si mes souvenirs sont bons, durant la première année d’étude à Palaiseau. J’avais déjà suffisamment de mal avec la mécanique classique et avec la relativité pour entrer dans des histories aussi loufoques. Cette histoire de spin, de physique statistique, d’état et de superposition me semblait trop éloigné du monde qui nous entoure pour que je puisse en apprécier la véritable portée.
Quantique tac tic tac…
Bref, ayant raté mon éducation en mécanique quantique, c’est avec un détachement certain que j’ai vu monter la notoriété de l’informatique quantique. J’ai tenté de m’y intéresser, j’ai lu les articles et les documents qu’Olivier Ezratty a très tôt mis à la disposition des lecteurs qui, comme moi, découvraient cette nouvelle manière de concevoir l’informatique. Mais je suis resté complètement hermétique, n’y voyant pas d’usage concret et abordable avant au moins une génération. Bref, probablement intéressant, mais pas pour moi.
Ayant raté deux révolutions quantiques, j’étais, faut-il croire, admirablement préparé pour une troisième tentative avortée, et c’est ce qui vient d’arriver ces derniers jours avec cette histoire de crème quantique. Lancée par une grande marque du luxe francophone, cette crème, vendue à un tarif ni quantique ni relativiste, mais tout simplement stratosphérique, permettrait, selon les dires des équipes marketing de la marque en question, « de restaurer la lumière quantique d’une cellule jeune à l’échelle de l’infiniment petit pour amplifier la réjuvénation visible de la peau« .
N’étant pas plus biologiste que spécialiste de la physique quantique, je m’en suis remis comme beaucoup d’internautes lambda à l’avis de scientifiques reconnus, ou de journalistes spécialisés dans l’identification de canulars, pour me faire ma propre idée. J’ai trouvé, chez Etienne Klein, suffisamment d’arguments pour ne pas me laisser abuser par les prétendues vertus de la cosmétique quantique.
Au demeurant, il existe un moyen de prendre de l’âge – autant qu’on veut ! – sans vieillir du tout, et sans crème rajeunissante, que celle-ci soit « quantique » ou non : devenir un atome radioactif.
— Etienne KLEIN (@EtienneKlein) January 4, 2024
Je reconnais que ce n’est pas donné à tout le monde, mais c’est bon à savoir. pic.twitter.com/na6TcBBSWM
Effet comique
Et pour assurer mon avis, j’ai pu vérifier qu’un journal aux prétentions scientifiques aussi réduites que Libération, se livrait à une fine analyse des prétendues dites vertus quantiques de cette crème rajeunissante. À vrai dire, je me doutais un peu qu’en associant des termes aussi éloignés que « cosmétique » et « quantique », on était plus proche du « comique » que du « scientifique ». Mais je me suis quand même demandé si la marque en question, que j’évite de citer pour ne pas me prendre un scud comme tous les petits youtubeurs qui se sont risqués sur ce territoire, n’a pas essayé de faire du brtuit plus qu’autre chose, avec cette histoire de quantique ?
En tout cas, pour ma part, c’est le troisième rendez-vous que je rate avec le monde quantique.
Et je doute qu’il soit prêt de venir me rendre visite de sitôt.
PS : pour celles et ceux qui s’intéresseraient réellement aux phénomènes physiques à l’oeuvre à l’échelle de la cellule d’un organisme, je ne peux conseiller que ces deux articles : une conférence de Cécile Sykes, et la recension du livre de Vincent Fleury.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec