Bruno Dubois (Hôpital de la Salpêtrière) – Ce cerveau qui nous fait rêver #AFIRNe
Le cerveau, c’est une grosse méduse: 1,2 kg environ, composé à 80% d’eau, et contenant 100 milliards de neurones. C’est aussi une système complexe, qui nous fait marcher, voir, percevoir, sentir, penser, communiquer, parler, rêver, créer, ressentir des sensations. C’est aussi un enjeu médical, car il conditionne le handicap cognitif, challenge dans les années à venir, au vu de la croissance des maladies neuro-dégénératives.
Le cerveau est une structure programmée pour l’action, pour la réponse comportementale. Il gère 4 fonctions régaliennes: percevoir l’information, identifier le message qui est perçu, garder la trace des expériences passées, élaborer la réponse la plus adaptée.
Le cerveau est devenu une structure visible. Le cerveau est opaque aux rayons X, et les informations sont récentes: le scanner apparu dans les 80, l’IRM dans les années 90. On peut identifier des zones actives, comprendre l’organisation du cerveau, mesurer l’activité métabolique des neurones (technique du PET-scan), tracer des faisceaux de fibres dans le cerveau et vérifier s’ils sont normaux ou anormaux.
Le cerveau est une structure stimulable! On peut stimuler certaines régions via l’implantation d’électrodes, par exemple pour des patientes atteints de maladie de Parkinson (une vidéo étonnante d’un malade bloqué, incapable de marcher, et qu après stimulation retrouve une motricité normale!).
Le cerveau est plastique. On a suivi l’activation du cortex cérébral chez un patient après une double allogreffe des mains (Pr Jean Dubernard). Avant et après la greffe, les zones activées sont différentes: après la greffe, les zones du cortex moteur redeviennent celles de l’usage des mains. On peut aussi stimuler des zones chez des patients atteints d’hémiplégie.
Le cerveau est dérivable: on peut utiliser l’activité cérébrale pour contrôler des machines artificielles (travaux de l’INSERM et de l’INRIA). Le sujet regarde des lettres, la machine détecte un eonde (onde P300), détecte la lettre associée, et écrit le texte souhaité.
Le cerveau est une machine au service de l’homme: on peut enregistrer l’activité du cerveau pendant le sommeil, détecter son état de santé, aider les patients atteints d’Alzheimer à retrouver leur chambre, etc.
On connaît maintenant mieux les causes de la maladie d’Alzheimer. Les lésions du cerveau sont visuables in vivo, du vivant des patients (technologie PET: Tomographie par émission de positrons). Ces lésions apparaissent relativement tôt dans la vie, parfois longtemps avant l’âge habituel de cette infection. On a donc un modèle de cette maladie: il y a une cause (qu’on ne connaît pas, sauf dans les cas d’Alzheimer génétique), et on connaît la cascade biologique qui conduit à l’apparition des symptômes.
Il y a des systèmes de compensation qui se mettent en oeuvre, jusqu’à ce que ces systèmes soient dépassés, et la maladie apparaît. De nouveaux traitements sont en développement, et visent à bloquer les différentes étapes de cette cascade biologique. Par exemple, bloquer la beta-sécrétase, ou inhiber les gamma-sécrétase, etc.
Le cerveau peut-il être réparé? Oui, tout au moins chez la souris. Cela ne marche pas encore chez l’homme malheureusement. Chez une souris transgénique à qui on a déclenché la maladie d’Alzheimer de façon génétique (formation de plaques amyloïdes), l’injection du peptide amyloïde permet à la souris de lutter contre la formation des plaques. On est encore loin d’y arriver chez l’homme, car ce type de traitement a des effets indésirables chez l’homme.
A la Salpêtrière, adossé à l’ICM, vient d’ouvrir un institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
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