Bienvenue chez la Chti
Je ne connais rien au fonctionnement du Parti Socialiste, mais après trois mois de discussion, de votes, de palabres au vu et su de toute la France, l’issue du vote des militants me laisse songeur. Quoi, tout ça pour 42 voix de différence? Finalement, le PS ressemble à la France:
- un gros tiers de gens du Nord, de chtis, ragaillardis par la grâce de Dani Boon, et représentés par Martine Aubry
- un gros tiers de gens du Sud (de la Loire), dont les puissantes fédérations ont semble-t-il soutenu Segolène Royal
- un petit tiers de parisiens, supporters de Bertrand Delanoe, et mis en minorité la semaine passée à Reims
La victoire de Mme Aubry, c’est la revanche du Nord sur le Sud et sur Paris. Et certainement pas la victoire de l’archaïsme sur la rénovation. Car les deux femmes sont de la même génération (1950 pour Aubry, 1953 pour Royal), sont entrées au PS à quelques années d’intervalle (1974 pour la première, 1978 pour la seconde. Et ont toutes deux tenues des responsabilités importantes tant au parti qu’au sein d’un gouvernement (sous Cresson en 1991 pour Aubry, sous Bérégovoy en 1992 pour Royal).
Quelle que soit l’issue de la joute entre ces deux figures phares du PS, l’avenir semble incertain pour la rose. Aucune des deux ne semble capable de rassembler, d’aller séduire ses adversaires au sein de son propre camp. Mitterrand avait su rallier le PC à sa cause, et mettre en minorité ses opposants (comme Rocard) afin d’incarner la gauche à lui tout seule. Royal méprise trop la gauche populaire, et Aubry méprise trop la gauche caviar. Aucune d’elle ne peut incarner l’ensemble du PS, qui implosera rapidement, tout seul.
Y a-t-il lieu de s’en réjouir bruyamment, comme l’a fait Patrick Devedjian la semaine passée? J’en doute. La disparition du PS se fera au bénéfice d’une extrême gauche rajeunie en la figure d’Olivier Besancenot. Le facteur des Hauts de Seine est, en réalité, le grand vainqueur de trois mois d’affrontements stériles au PS. Et en période de crise économique, avoir une gauche radicale forte n’est pas forcément une bonne chose.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
SR méprise les classes populaires ? pourtant elle a fait revenir vers le PS les ouvriers / employés et les jeunes des banlieues aux dernières élections. Alors qu’ils avaient quitté la gauche entre autre à cause de la perte de pouvoir d’achat imputable aux 35 h de MA.
Archaïsme contre rénovation ? Le PS est une vieille machine avec de vieux militants accrochés à leurs acquis (les villes, les départements, les régions) et à leur dogme. Le monde change et il faudrait que le PS change aussi. Je n’ai pas d’affinité particulière avec SR mais je pense qu’une candidature comme la sienne aurait poussé le PS à se réformer (avec douleur certes). L’élection de MA va au contraire le scléroser (comment faire le grand écart entre Hamon ou Emmanuelli et Delanoé ou Moscovici ?).
Le grand vainqueur : incontestablement F.Bayrou qui devient le seul outsider crédible de N.Sarkosy.