Baccaluréat 2021 option Covid
L’édition 2021 du baccalauréat général devait marquer l’avènement de la réforme Blanquer, celui d’un bac en deux étapes, une sorte de retour au bac à l’ancienne, quarante années en arrière. Mais voilà, le Covid est passé par là, et les épreuves écrites, comme l’an passé, sont désormais annulées. Les élèves arrivés en terminale en septembre 2020 n’auront donc connu aucune épreuve écrite « à l’ancienne », ni en fin de première (bac français), ni en fin de terminale. Aussi bien les épreuves anticipées de la fin de la classe de première que les enseignements spécialités seront jugés à l’aune du contrôle continu, et non par le biais d’une appréciation unique, portée par un enseignant anonyme, qui n’a jamais suivi l’élève sanctionné.
Un retour en arrière impossible ?
Plus que le baccalauréat en deux temps, c’est cette forme de baccalauréat en mode contrôle continu qui pourrait marquer l’ère Blanquer. C’est peut-être une opportunité à saisir, une véritable chance de réformer le mode de validation des acquis, comme je l’avais déjà dit l’an passé. Car si la promotion 2021 a pu bénéficier d’un tel changement, pourquoi pas celles de 2022 et de 2023 ? En cas de retour aux épreuves à la mode ancienne, imaginez un peu les manifestations d’étudiants, au printemps 2022, pour réclamer le contrôle continu, sur fond de campagne présidentielle… Alignement désastre, pourrait-on dire en paraphrasant Emmanuel Macron.
Une chance pour les élèves et les profs
En réalité, le contrôle continu présente plusieurs avantages. Le premier, et je l’ai déjà évoqué plus haut, c’est d’éviter à l’élève d’être sanctionné sur une seule épreuve. On a tous connu des élèves de niveau honorable, qui perdent leurs moyens le jour de l’épreuve du bac. Avec le contrôle continu, l’élève a plus de chances, en cas de plantage sur une épreuve, de se rattraper sur la suivante, il est dans un environnement plus favorable à sa réussite. Il est évalué par un enseignant qui est capable de mesurer les efforts produits tout au long de l’année.
Pour les enseignants aussi, c’est une aubaine. Finies les corvées de copies à corriger entre Roland-Garros et Wimbledon. Je me souviens encore des piles de copies que recevait ma mère, professeur de mathématiques et correctrice, chaque année à la même époque, et qu’elle devait corriger dans un temps record. Je m’amusais du format étrange de ces feuilles cornées pour dissimuler le nom des candidats, curieux de savoir qui étaient ces élèves. Et je savais à quoi cela correspondait en réalité : j’étais privé de mère pendant ces heures sup’ rémunérées trois francs six sous.
Pour l’état enfin, c’est une économie substantielle : moins d’épreuves à organiser, pas de fermeture anticipée des établissements, donc des élèves qui vont en cours jusqu’à la fin du mois de juin, l’opportunité de réellement finir les programmes. Sans compter ces heures de correction à rémunérer : même à un tarif peu élevé, si l’on évalue à 750 000 le nombre de bacheliers chaque année et à 100 le nombre de copies confiées à un seul enseignant, si on estime qu’il y a 4 ou 5 matières à corriger à l’écrit, cela fait bien une trentaine de milliers d’enseignants mobilisés pendant le début de l’été. Et encore, je n compte pas les épreuves orales…
Bref, le gouvernement et le ministre de l’éducation auraient tout intérêt à réfléchir à cette chance qui se présente. Plus qu’une réforme des enseignements, cette réforme du contrôle des connaissances pourrait bien être la véritable trace que laissera le passage de Jean-Michel Blanquer à la tête de cette noble institution.
S’il en a le courage…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec