AWS Summit Paris : une étourdissante bouffée de technologie
AWS – comprendre Amazon Web Services – est une division d’Amazon qui propose, depuis près de dix ans, des services autour du Cloud. Amazon a été, en ce sens, un pionnier des usages du Cloud, bien avant que la plupart des entreprises s’y intéressent. Cela lui a conféré une telle avance, que nombre de start-up ou de grands groupes s’appuient sur les services hébergés sur ses serveurs, des entreprises aussi variées que Netflix ou Veolia. Derrière cette décennie d’innovations, un homme: le CTO d’Amazon, Dr Werner Vogels. C’est lui qui anime la keynte d’ouverture de cet AWS Summit Paris, auquel près de 4000 personnes ont participé.
Keynote du CTO d’Amazon
Le CTO d’Amazon a un look de geek mais ne vous y fiez pas: c’est un super geek !
Dans sa keynote d’ouverture, Werner Vogels revient sur ce qui a motivé les développements de ces dix dernières années: rendre aux développeurs la liberté de développer ce qu’ils souhaitent. C’est à la fois une question d’architecture et de philosophie. Là où d’autres fournisseurs d’environnement de développement imposent la manière dont peuvent être intégrés leurs composants, l’approche d’Amazon consiste à offrir une souplesse maximale. Vous pouvez suivre Werner Vogels sur son blog, toujours très intéressant.
Témoignage client: le cas SNCF
Depuis 2015, la SNCF accélère sa transformation digitale. En 2017 est envisagée une migration globale, à hauteur de 60%, vers le Cloud public. Le patrimoine informatique de la SNCF, c’est 130 000 PC, et 170 000 agents connectés, dotés de 90 000 terminaux mobiles, avec près de 1500 applications. Toute cette complexité est bien sûr masquée aux clients, qui n’y accèdent qu’au travers d’une application, l’appli SNCF (10 millions de téléchargements en 3 ans, 40 millions de connexions durant les mois de l’été). Cette application doit résister aux pics. C’est ce à quoi sert le Cloud, qui offre 1/ la scalabilité (de 170 à 240 instances) 2/ la résilience (en cas de panne, être capable de reprendre l’activité en 45 minutes).
SNCF a donc décidé d’accélérer son partenariat avec Amazon: elle est probablement la première entreprise publique à faire cela, au travers d’un contrat de droit français. Ce partenariat permet à la fois à la SNCF et Amazon de progresser sur la mise en oeuvre d’une telle infrastructure. A ce jour, 14800 serveurs et 144 applications qui, à l’horizon 2020, doivent tous résider sur le Cloud. Affaire à suivre…
Machine learning
On parle beaucoup de machine learning ces derniers temps. Mais si on y réfléchit bien, rappelle Werner Vogels durant cet AWS Summit, c’est une approche dans laquelle Amazon s’est largement investie durant les 25 dernières années. Le machine learning, c’est prendre des données du passé, et essayer d’en extraire des prédictions valides pour le futur, ce que les recommandations Amazon ont fait depuis belle lurette. De nos jours, presque tout le monde propose des systèmes de recommandation, comme Netflix.
D’autres technologies Amazon font appel au machine learning: Alexa, par exemple, ou encore les développements sur les drones. Des milliers de salariés sont impliqués sur le machine learning, et pas seulement des data scientists. Pour rendre cette approche plus efficace et plus répandue, AWS propose une infrastructure qui permet à n’importe quel développeur d’expérimenter des pratiques de machine learning. Toutes les plateformes doivent fonctionner sur AWS: TensorFlow, Caffe2, Pytorch, etc. La plateforme AWS pour cela: Amazon SageMaker. Amazon propose également des composants plus ou moins prêts à l’emploi pour la reconnaissance vocale, la traduction automatique ou les interfaces conversationnelles.
Make machine learning great again…
Werner Vogels poursuit sa présentation en abordant le sujet des bases de données, celui sur lequel je l’avais découvert en 2008 lors de la conférence MySQL. La technologie Amazon, en la matière, se nomme Amazon Aurora. C’est une base de données relationnelle, mais beaucoup plus rapide que MySQL ou PostgreSQL. Entièrement distribuée, Aurora offre un coup d’exploitation extrêmement faible, et, selon le CTO d’Amazon, une étonnante capacité pour s’adapter aux pics de charge imprévus.
Pour les adeptes de bases non relationnelles, c’est vers DynamoDB qu’il faut se tourner.
Data lakes / analytics
Amazon S3 serait le choix le plus populaire ces derniers temps en matière de data lake. Et oui, Amazon propose également un ETL! Le service que pousse Amazon, pour analyser ces données, c’est Amazon Glue.
Témoignage client: le cas Euronext
Euronext, réunion de bourses européennes, est une énorme plateforme de transactions: 1,5Md de messages par jours, stockés dans une base de données dont la taille fait environ 400 milliards d’enregistrements. La performance des accès est une des clefs du système: quelques dizaines de microsecondes. En quelques années, le digital a complètement transformé (pour le mieux) les métiers d’Euronext. Les évolutions d’infrastructure ont permis à la fois d’accélérer les traitements, et d’assurer un niveau d’intégrité devenu un enjeu de plus en plus important pour les régulateurs. Des événements comme le Brexit ont monté que l’infrastructure dont ils disposaient auparavant devenait obsolète. Courant 2017, la décision de migrer sur le Cloud a été prise.
L’architecture est une architecture hybride, qui utilise à la fois certains services déjà existants et des services proposés par AWS. Qu’est ce que cela a changé? Les données de marché, dont l’extraction prenait 6 heures, sont désormais accessibles en moins d’une heure: Euronext passe d’analytics J+1 à quasiment du temps réel. La scalabilité, la capacité de rester opérationnel même dans le cas d’événements comme l’annonce du Brexit, est assurée.
Sécurité
La sécurité est un élément clef, que personne ne doit négliger. AWS fournit plusieurs composants pour que les développeurs bénéficient des environnements les plus surs, et puisse déployer les services les plus sûrs: certficats gratuits, https généralisé, backups automatiques, gestion des mots de passe, etc.
Témoignage client: le cas Renault
De plus en plus de personnes utilisent des services de mobilité, de moins en moins achètent leur véhicule, et quand c’est le cas, ils se tournent d’abord vers des véhicules d’occasion. Voici, résumés, certains des grands challenges de Renault, constructeur vieux de plus de 120 ans, riche de 5 marques (sans compter celles de l’alliance), présent dans plus de 130 pays, avec 470 000 employés et plus de 120 usines… Que signifie donc le digital chez Renault?
Et bien cela touche à peu près tout: la vente, la conception, la logistique, etc. Renault a vu naître l’informatique, et a touché à presque toutes les technologies depuis que l’informatique est née: que peut bien dire le terme transformation digitale?
Auparavant, Renault passait énormément de temps à gérer son infrastructure. Aujourd’hui, ils passent sur AWS avec trois services principaux: ECS, Lambda et RCS. La plateforme fait partie de l’équipe: you build it, you run it.
Compute: from server to serverless
3 socles: machines virtuelles, containers et lambda. Les machines virtuelles sont particulièrement adaptées pour émuler le fonctionnement d’architectures physiques et faire tourner des applications déjà développées. Cette technologie existe depuis un moment: Amazon en offre une déclinaison d’une richesse incroyable: T2, MS, D2, H1, R4, X1, etc.
Les containers sont particulièrement adaptés pour les micro-services, dont la durée de vie va de quelques minutes à quelques heures. C’est idéal pour décomposer une application en une multitude de composants indépendants, aux caractéristiques propres, tant en termes de sécurité que de scalabilité: quand seule une partie rarement appelée de votre code nécessite l’accès à des ressources importantes, pourquoi payer le prix fort pour l’ensemble? Cela paraît logique.
La technologie serverless permet de ne plus se soucier du tout de l’insfrastucture. On ne se soucie plus, désormais, que de la business logic: bienvenue à AWS Lambda (techno que j’ai pu tester pour développer mon service Alexa). Avec Lambda, on ne paie que pour le temps d’exécution, et non pour la gestion de l’infrastructure. C’est un changement de paradigme étonnant: on n’a plus à se soucier du tout de l’infra. C’est un peu comme si, pour apprendre à programmer, vous n’ayez plus besoin d’acheter un ordinateur: il est à votre libre disposition, et vous ne payez qu’en fonction du temps de calcul de vos productions !
Bref, avec Werner Vogels, Amazon montre ce matin à l’AWS Summit qu’elle est bien l’une des entreprises à la pointe des technologies et de la transformation digitale…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Merci Hervé pour ce compte rendu et cette analyse qui vise juste, comme d’habitude. il est vrai que AWS est de plus en plus en dynamique d’exposition. On aurait pu croire que c’est la partie immergée de l’iceberg mais l’organisation devient de plus en plus « publique » . Un vrai arsenal pour commercialiser leurs solutions déjà adoptées par un grand nombre de corporate