Attention a votre communication sur Internet: le cas Wikipedia
De nombreuses entreprises sont en train de franchir une étape psychologique importante, quant à leur présence sur le Net. Si de nos jours l’existence d’un site web société est un minimum accepté par la grande majorité d’entre elles, de plus en plus d’entreprises vont au-delà d’un simple site, et passent à une sorte d’étape 2.0 de leur présence sur Internet: référencement soigné, veille scrupuleuse de tout ce qui peut être communiqué sur l’entreprise ou ses produits au travers des blogs, forums, etc., et jusqu’à leur présence (ou leur absence) sur Wikipedia.
Deux exemples
J’en veux pour preuve deux petits faits intéressant, notés au travers de ma revue de presse matinale quotidienne. La première, concerne un article qui me semblait intéressant, concernant l’usage de la 3D chez les grands comptes, mais dont j’ai hélas été privé de lecture à cause de cela:
Evidemment, si un article heurte la stratégie de communication d’un éditeur, pourquoi le laisser diffuser sur Internet? Le post datant du 30 aout, il aura fallu moins de 24h à l’entreprise concernée pour obtenir le retrait de l’article incriminé. Et vraisemblablement, les moteurs de recherches divers et variés n’ont même pas eu le temps de les indexer, donc peu de chances de consulter la version en cache. Je dis bravo au service de veille Internet du vendeur concerné, qui a su réagir à temps.
Le second fait marquant provient d’un article lu sur le blog NOVEDGE, concernant l’utilisation du Wiki Scanner par les éditeurs de logiciels de conception 3D. Vous avez sans doute entendu parler du Wiki Scanner cet été, il a reçu une excellente couverture par la presse. De quoi s’agit-il? Et bien, un étudiant a mis au point un système très simple et très utile, qui permet de savoir quelles ont été les modifications apportées sur les versions en anglais, allemand, français et japonais de Wikipedia, par des utilisateurs connectés au réseau d’une entreprise, ou travaillant depuis un certain jeu d’adresses IP. Voici, par exemple, les modifications anonymes faites sur les pages en français, depuis certaines des adresses IP de Dassault Systemes. On peut remarquer que très peu d’entre elles concernent réellement Dassault Systemes: il y a bien sûr l’article Dassault Systemes lui-meme, mais également celui sur la CAO, celui sur CATIA, ou la catégorie Editeur de logiciels. Rien que de très normal, certains employés prenant parfois le temps de modifier un article d’intérêt général, et certains autres prenant le temps d’amender ou de corriger un article concernant leur propre société.
Là ou cela devient intéressant, c’est que la même recherche effectuée sur des entreprises rivales comme SolidWorks ou AutoCAD, conduit à découvrir des usages beaucoup moins glorieux de la célèbre encyclopédie en ligne, comme ici, ou là. Et encore. Il ne s’agit là que des modifications effectuées depuis des adresses IP des deux sociétés. Rien n’empêche certaines modifications inacceptables, d’être effectuées par un de leur employé depuis un accès internet privé, ou pire, via les services d’une tierce société… Et là, le Wiki Scanner rentrera bredouille…
Une affaire de référencement
Evidemment, ces deux entreprises là ont bien compris l’intérêt de soigner leur présence sur Internet et en particulier sur Wikipedia. Car Wikipedia bénéficie d’un référencement remarquable, et est également une assez bonne source de navigation vers le site société (environ 5% des sites référents sur www.dsdsf.com – Facebook représentant … 8% sur le mois d’aout!) . Il n’est pas rare, lorsqu’on cherche une information sur une entreprise ou un produit, de tomber sur l’article Wikipedia le ou la concernant, avant de tomber sur le site de l’entreprise. Et personnellement, je préfère souvent faire un rapide passage sur la page Wikipedia pour avoir un apperçu de celle-ci, une sorte de ‘lecture rapide ». Dès lors, le soin apporté à la page Wikipedia d’une entreprise doit être apprécié à sa juste valeur. Il me paraît anormal, par exemple, qu’une entreprise dépense des millions d’euros ou de dollars pour le lancement d’un produit, ou le changement d’un logo, et de ne pas passer les quelques heures nécessaires pour que ce lancement ou ce changement soit reflétés sur la page – ou mieux, les pages (différentes langues, différents sujets) – qui concernent cette entreprise sur Wikipedia.
Le cas Wikipedia n’est qu’une des facettes de la somme de travail que doit consacrer l’entreprise à soigner sa présence sur Internet. Blogs, forums, doivent être régulièrement scrutés avec le même soin, afin de ne pas laisser place à la désinformation et de bénéficier d’une excellente image sur le Web. Une telle tâche requiert certainement la création d’un poste entièrement dédié à la présence implicite sur le Net. S’agit-il d’un nouveau métier?…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
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