Aline
Sonnez hautbois, résonnez musettes ! On annonce le retour de Pygmalion, ce sculpteur mythique, tombé amoureux de Galatée, la créature dont il avait représenté les formes, et qui grâce à la déesse de l’amour, put convoler en justes noces avec celle-ci. On avait déjà vu des adaptations modernes, très réussies d’ailleurs, de ce récit antique. Dans My fair lady tout d’abord, puis dans Pretty woman, où des mâles blancs de plus de 50 ans s’entichaient de créatures frivoles pour les façonner à leur désirs.
Mais on n’avait encore jamais vu d’incarnation vivante de ce mythe. Et pourtant, il était là, sous nos yeux. C’est ce que nous révèle, en clair, cet étrange film, où une extraordinaire Valérie Lemercier incarne une Aline – comprenez Céline Dion – façonnée dès son plus jeune âge par un Guy-Claude Kamar – comprenez Rene ANgeli – pour devenir la star internationale que tout le monde connaît.
Sous ses allures de comédie sans ambition, Aline est une véritable pépite, qui risque bien de propulser Valérie Lemercier lors des sélections pour les Césars ou les Oscars en 2022. Car sa performance, comme le disent les américains, est époustouflante. La Béatrice de Montmirail des Visiteurs, la princesse Armelle de Palais royal, l’Agathe Cléry du film éponyme, trouve là un rôle à la hauteur de son talent. Elle explose sur scène, incarne avec merveille cette enfant star, tombée amoureux du premier impresario croisé, et qui va partager sa vie entre sa ville et ses shows à Las Vegas.
On y croise quelques apparitions surprenantes, comme Michel Drucker pour la première de Céline Dion à la télévision française, ou une paire de sosies d’Elvis dans une scène surprenante. Seul regret : nulle trace de Jean-Jacques Goldman, qui tient pourtant une place importante dans son répertoire, comme me l’a rappelé mon épouse.
Aline est un film qu’il faut voir, qu’on apprécie ou non Céline Dion et ses chansons. Pour découvrir l’envers du décor. Et découvrir la part d’humanité qui réside dans toute princesse, fut-elle ou non façonnée de manière plus ou moins artificielle par un créateur astucieux. Loin d’être une satire du monde du spectacle, moins triste que La Môme, c’est une sorte de reportage intime sur la vie des stars du show-business.
Pour qu’on découvre ou redécouvre son talent.
Et pour qu’on l’aime encore.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Tu m’as donné envie d’aller voir ce film bien que je ne connaisse pas Céline Dion !
Mais dans la liste des amours de femmes virtuelles, tu aurais pu citer les contes d’Hoffmann d’Offenbach.