Ah ça IRA, ça IRA, ça IRA …
L’IRA, vous connaissez ? Non, pas l’organisation paramilitaire irlandaise, qui prônait la lutte armée contre le Royaume-Uni, l’autre IRA, la loi passée récemment par l’administration Biden. Vous en avez entendu parler ? Non. Normal, nous vivons en France, et chez nous, à part les débats stériles sur les insultes sur TPMP et le prix de la baguette de pain, c’est le désert. Nous sommes, avouons-le, très mal servis par les médias nationaux, qui n’accordent qu’une place négligeable à la politique intérieure dans d’autres états.
Tout au plus, deux blagues de Canteloup ou de Philippe Caverivière sur l’âge de Biden ou la femme cachée de Vladimir Poutine.
Pourtant, il s’en passe des choses, à l’étranger. Et pas des moindres. Ce même Joe Biden, par exemple, que nos médias ont rangé dans la case ‘vieillard sénile’ depuis son le lendemain de son élection, a réussi un tour de force : faire passer une loi hyper protectionniste, qui va aider les entreprises américaines à prendre le virage du 21e siècle sur les chapeaux de roue.
Et cette loi, ben c’est l’IRA : l’Inflation Reduction Act.
Ce que permet cette loi, sans rentrer dans les détails, c’est une aide substantielle – 369 milliards de dollars de subventions, excusez du peu – aux entreprises américaines impliquées dans la protection de l’environnement : les véhicules électriques, bien sûr, on est au pays de l’automobile et des déplacements en voiture. Mais aussi tout ce qui intervient dans leur fabrication et leurs usages. Autrement dit, de la production d’acier à celle de batteries, de la construction de centrales à la distribution de l’électricité, de la construction d’éoliennes à tout ce que vous pouvez imaginer, du moment que ça contribue à la réduction de l’impact carbone des USA.
Ça ne vous dit rien ?
Pour moi, c’est aussi énorme que les projets liés au développement des « autoroutes de l’information » ou au développement de programmes d’armements innovants. C’est ni plus ni moins qu’une subvention généreuse du département R&D des entreprises américaines, comme expliqué ici. Grâce à cela, les Etats-Unis vont non seulement revenir dans la course à la protection de l’environnement, mais aussi, et surtout, donner un avantage compétitif, par le biais de mesures protectionnistes, aux acteurs américains de la protection de l’environnement.
Avec Trump et son MAGA – make America great again – on avait les mots sans les actes. Avec Biden, désormais, on va avoir les actes. Quant aux mots, ne comptez pas sur les médias français pour vous en parler. Ils sont aux abonnés absents.
Rendez-vous dans 20 ans.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec