À quoi servent les Oscars et les Césars ?
J’aime bien le cinéma. Les lecteurs de ce blog le savent, je publie régulièrement des commentaires sur les films que j’ai pu voir dans une salle obscure, en streaming ou en vidéo à la demande. Mes goûts sont éclectiques, et je me prive rarement de m’offrir la possibilité de découvrir un nouveau talent, une oeuvre originale, ou une performance exceptionnelle.
Mais il y a un truc que je supporte de moins en moins, dans l’univers du cinéma : les cérémonies qui visent à récompenser les professionnels de cette industrie.
Autrement dit, les Césars et les Oscars.
Je comprends que chaque profession, chaque industrie, ait besoin de célébrer ses succès, de mettre en valeur ses originalités. Après tout, le Salon de l’agriculture ou le CES de Las Vegas agissent de la même manière, bien que le parallèle en la matière devrait plutôt se faire avec les festivals, comme celui de Cannes, de Deauville, de Venise ou de Berlin. À un détail près, cependant : les Césars et les Oscars ne sont que des soirées d’auto-célébration.
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Je ne comprends pas ce besoin de mettre en exergue non plus les véritables talents, mais les oeuvres les plus farfelues, si ce n’est les plus choquantes, et les artistes qui ont participé à ces résidus de films, dont on se demande qu’est ce qui a pu motiver réalisateurs et acteurs à participer à l’élaboration du produit fini, ou à se satisfaire du résultat obtenu.
C’est encore le cas cette année, avec Anora. J’ai déjà évoqué tout le mal ce que je pense de ce film, qui commence comme un porno soft et finit comme une farce de série B. Et bien, ce film absolument nul obtient cinq oscars, dont quatre directement attribués à son réalisateur – un record qui remonte à l’époque de Walt Disney – notamment pour le meilleur film (bof), le meilleur scenario original (qu’y a-t-il d’original dans cette histoire à la con ?) et le meilleur … montage (là je reste pantois, quelle difficulté de montage a donc su résoudre le réalisateur de ce do-cul-mentaire) ?
Outre l’inanité des palmarès, je dois avouer que je suis également de plus en plus stupéfait des discours politisés à l’emporte-pièce des récipiendaires des prix distribués durant ces soirées, qui s’inspirent plus d’une forme d’onanisme de groupe que de la célébration d’un travail de qualité. J’en veux pour illustration le parallèle entre la Shoah et la guerre à Gaza, établi par Jonathan Glazer, récompensé pour son adaptation d’un roman de Martin Amis. Ce parallèle est à la fois obscène et insultant. L’avoir fait en public, durant cette cérémonie, en se faisant applaudir par la salle, démontre que ce réalisateur, tout comme ce public de professionnels du cinéma, n’a rien compris à la spécificité de la Shoah. Autrement dit, que ce film ne vaut pas grand chose, et que les professionnels du cinéma sont des adeptes de la pensée unique…
Bref, loin de récompenser la performance professionnelle, les Césars et les Oscars se sont transformés en tribunes politisées, qui développent ce discours qui se croit progressiste, mais ne contribue en rien au développement des valeurs universalistes qu’il prétend défendre. Le monde du cinéma est victime d’un cancer dont il va probablement mettre du temps à se débarrasser…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec