A quoi reconnait-on un grand president?
Un grand président est celui qui, au-delà des clivages politiques, sait constituer son équipe en s’entourant des meilleurs candidats, qu’il soient issus de son bord ou du camp d’en-face. C’est une manière d’inviter toutes les forces vives de la nation à le rejoindre dans son effort de gestion. Et c’est aussi une manière de réduire les moyens politiques de son opposition.
François Mitterrand fit sensation, au début des années 90, en intronisant des ministres d’ouverture, comme Jean-Pierre Soisson ou Olivier Stirn. Certes, il s’agissait là plutôt de seconds couteaux que de spécialistes des domaines dont ils reçurent la responsabilité. Mais Mitterrand avait innové. Nicolas Sarkozy a retenu la leçon, et s’en est inspiré en invitant des ministres de gauche comme Bernard Kouchner à rejoindre le gouvernement de François Fillon. En Israel, Ariel Sharon obtint un large consensus en créant un nouveau parti, Kadima, au sein duquel se retrouvaient d’anciens collègues du Likoud, et ses amis/ennemis du parti travailliste comme Shimon Peres.
Barack Obama vient de franchir un pas, au moins sur le plan médiatique. Car la presse rapporte ses derniers entretiens avec des personnalités politiques qui furent ses ennemis quelques semaines plus tôt. Aller proposer un poste de secrétaire d’état à Hilary Clinton ou mieux, à John McCain, voilà qui relève à la fois d’un remarquable talent de communication – quel meilleur signe pour montrer que l’effort à mener doit être conduit par tous – mais aussi d’une vision politique incroyable – aucune de ces deux personnes, en cas d’acceptation, ne pourra lui nuire durant les premiers mois de son mandat.
On savit déjà que l’élection du 4 novembre 2008 était un moment unique de l’histoire moderne. Les premiers jours de la longue période de transition qui s’annonce ne font que le confirmer…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec