2020, annus horribilis du sport mondial ?
C’est désormais officiel, la saison 2019-2020 du championnat de France de football (ligue 1) n’ira pas à son terme, et s’achève donc à la 28ème journée. Le PSG finit champion, évidemment, avec un match en moins (un Strasbourg-PSG annulé déjà pour cause de Covid-19) et 8 points d’avance sur Marseille, puis Rennes et Lille. Les attaquants du club parisien ont marqué, en 27 jours, autant de buts que ceux des deux clubs qu’il précède. C’est donc une victoire totale.
Mais d’un point de vue sportif et économique, le moral est à la baisse.
Car les grands clubs se voyaient bien reprendre la compétition après le déconfinement. Quitte à décaler la saison suivante. On aurait même pu en profiter pour aligner les dates des championnats avec la date farfelue de la Coupe du monde au Qatar, durant l’hiver 2021-2022 (oui, une coupe du monde hivernale, ça promet…)
L’annonce de la fin du championnat va poser des problèmes majeurs, notamment économiques. La survie des clubs dépend des recettes issues non seulement de la billetterie ou des produits dérivés, mais aussi et surtout de la retransmission des matches à la télévision. Chez nos voisins, en Allemagne et en Angleterre, les responsables de la Bundesliga et de la Premier League y croient encore, quitte à jouer les matches à huis clos, en espérant que leurs supporters seront plus disciplinés que ceux du PSG, venus en masse acclamer leur club le 11 mars dernier, 5 jours avant le confinement, lors de sa qualification pour les quart de finale d’une compétition qui restera elle aussi inachevée.
Il n’y a pas que le football qui souffre. Tous les sports sont touchés, du tennis à la Formule-1 en passant par l’équitation ou le basket. Y compris les JO, dont l’édition 2020 a été annulée après moult tergiversations il y a quelques jours. Il n’y a guère que les échecs ou le go, à la limite, dont on peut envisager une pratique à distance, et encore.
Et c’est la même mine d’enterrement du côté des sites de paris en ligne. Il n’y a plus guerre que sur les championnats de Biélorussie, du Nicaragua ou du Turkménistan que vous pouvez prendre des paris…
C’est que la pratique sportive, voyez-vous, est éminemment sociale. Sur le terrain, dans les vestiaires, les sportifs se croisent, se touchent, partagent des équipements. Rien de tel pour propager un virus dont tout porte à croire qu’il se transmet très facilement. Idem du côté des supporters. Comment imaginer de nouveaux rassemblements de plusieurs milliers de personnes, dans les files d’attente aux guichets, à la buvette à la mi-temps, ou agglutinés aux toilettes pendant les pauses ? Sans parler du fait qu’une rencontre sportive amène des équipes distantes à se retrouver, et donc suscitent des déplacements de population inacceptables en période de confinement et dans les premiers jours de déconfinement. Quel chef de gouvernement – ne pensez pas qu’à la France, à cette échelle – serait assez stupide pour prendre le risque, après une mise à l’arrêt forcée de son économie de plusieurs semaines, d’une rechute due à une reprise non contrôlée des grands rassemblements sportifs ?
Le sport, nouvel opium du peuple, doit donc être mis en veilleuse à grande échelle. Mais à l’échelle individuelle, ce n’est pas beaucoup mieux. Rares sont les confinés qui disposent d’un court de tennis à domicile. Et les autorisations de sortie dérogatoires limitent la pratique de la course à pied à 1 km autour de chez soi (une mesure dont j’ai du mal à croire qu’elle a été bien respectée, d’ailleurs). On a donc vu surgir de nulle part de nouveaux joggers du dimanche, trottiner en faisant le tour du pâté de maisons, équipés d’un survêtement qui, s’il ne date pas de Mathusalem, pourrait dater de Véronique et Davina, les papesses de Gym-Tonic.
Finalement, ce sont elles qui avaient raison. Au lieu de prendre le risque de jouer le maillon de trop de la chaîne de transmission du virus, nos sportifs en herbe auraient dû privilégier la pratique de l’aérobic ou le PPG (comme exposé par Ludivine Blanc dans Le confinement expliqué à mon boss). Quelques mouvements, quelques étirements, 30 minutes quotidiennes, et basta. C’est ce que j’ai mis en oeuvre depuis un mois et demi. Sans trop de dérives alimentaires, histoire de ne pas être surpris le jour où la reprise arrivera.
Car elle arrivera, un jour ou l’autre.
PS: dans la catégorie des mauvaises nouvelles sportives, j’ai appris la fermeture ce matin du meilleur blog et site d’information sur le football, j’ai nommé Panthéon Foot. Tenu par un camarade dont l’humour n’a d’égal que le talent, je me désole de ne plus y retrouver ces grands articles qui ont éclairé le sport mondial sous un jour nouveau. Comme ce classement des plus grands joueurs de foot de tous les temps. Ou les révélations sur la victoire de 2018. À lire, même si vous n’aimez pas le football, vous serez surpris(es). Tristesse.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
La ligue 1 avait l’opportunité unique avec le Covid de caler le championnat avec un calendrier hivernal qui aurait permis d’être raccord avec la coupe du monde au Quatar, de modifier le calendrier pour faire un truc logique qui ferait qu’on verrait des matchs de ligue 1 en vacances et l’après midi aux mois de juillet et d’aout (bon pour le tourisme ça, ce serait l’équivalent d’un festival estival).
Ils aurait fallu qu’ils se mettent d’accord : pour jouer les matchs en huis clos , en 30 jours pour finir le championnat et confiner les joueurs strictement pendant 5 semaines. C’était encore trop inenvisageable pour eux.
Je suppose que notre premier ministre a sifflé la fin de leur récréation sans état d’âme en pensant,à juste titre, qu’il avait d’autres priorité.