007 Spectre
Et revoici Bond aux prises avec des méchants. Toujours Sam Mendes aux commandes, et toujours Daniel Craig dans un rôle qui lui va comme un gant. Mais cette fois-ci, après l’apothéose Skyfall, on retombe dans la logique habituelle des James Bond: courses de bolides, jolies filles et explosions en tout genre. Dommage.
Pourtant ce film débute par un plan séquence prodigieux, durant lequel on se demande à tout instant par où passe la caméra. Et contrairement aux derniers films d’action que j’ai pu voir (MI-5 en particulier), ce film là ne casse pas la tête, à coup de bande sonore ininterrompue et de succession de cascades à n’en plus finir.
Alors que manque-t-il à Bond pour passer une classe au-dessus? Peut-être qu’après tout, il devrait sortir de sa légende et de ses méchants de pacotille, pour enfin entrer dans le monde réel, celui de 2015, celui des menaces et des risques. Bond est né à l’époque de la guerre froide, mais depuis 60 ans, il ne s’est presque jamais vraiment battu contre les méchants de son époque. Et même si les derniers opus tapent sur la surveillance électronique à outrance et le « big data », ils n’ont encore pas franchi le pas d’un James Bond luttant contre les véritables méchants de notre époque. Où sont les narco-trafiquants? Où est Daesh? Où sont les dictateurs encore au pouvoir?
James Bond se bat contre des méchants d’une autre époque. Son ennemi a beau s’appeler le Spectre et revendiquer des attentats dans des stades, on sait très bien que ce sont des méchants de cinéma, sans véritable message à porter (sauf une vague jalousie de demi-frère mal digérée). A lutter contre des ennemis imaginaires, Bond devient un Don Quichotte de notre époque, et cela dessert, en creux, l’imaginaire associé aux services secrets.
Rendez donc un bon service à Bond, et envoyez le en Syrie. Là-bas, la décision de presser la gâchette demande probablement un peu plus de jugeote..
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec