Better Place en route vers un monde meilleur…
A la rubrique « disparitions » de la semaine, on compte la société Better Place, dont j’avais déjà parlé il y a quelques années, à l’occasion de la signature d’un contrat avec Renault il y a cinq ans déjà. Cela sentait déjà le roussi lorsque Shai Agassi avait été éjecté il y a quelques mois, et c’est désormais complètement cramoisi. L’entreprise a déposé son bilan en début de semaine, marquant la fin d’une épopée, et semant un sacré désordre auprès des clients actuels qui se sentent floués, avec leur véhicule qui sera probablement bientôt inutilisable…
Better Place, c’est finalement l’histoire d’une fausse bonne idée.??
L’idée semblait pourtant bonne il y a 5 ans: alors que l’autonomie des batteries ne permettait pas de parcourir des distances de plusieurs centaines de kilomètres, Better Place proposait une plateforme par abonnement, où l’on pourrait échanger une batterie déchargée contre une batterie pleine.
Cinq ans plus tard, c’est le fiasco, avec 900 abonnés (dont 200 salariés Better Place) en Israel et 400 au Danemark, second pays du déploiement.
Quelles raisons invoquer? Plusieurs:
- L’autonomie des batteries s’est sensiblement accrue en 5 ans, permettant à certains véhicules de rouler plus de 400 km (comme les limousines de chez Tesla)
- En parallèle, le déploiement de Better Place ne s’est aps fait suffisamment vite pour vendre suffisamment de véhicules
- Contrairement à ce qu’on aurait pu croire en 2008, le prix du carburant ne s’est pas envolé avec la crise
- La découverte de gaz au large des côtes israéliennes, qui permet à Israël d’envisager une certaine indépendance énergétique à moyen terme, et donc rend moins indispensable le développement de véhicules électriques
- Le coût du modèle imaginé par Agassi, qui nécessite le déploiement de plusieurs plateformes de rechange, là où le modèle de véhicule hybride ne requiert rien d’autre que des stations services, et le modèle pur électrique sans recharge ne nécessite que des prises électriques…
Comme le dit l’adage, avoir raison trop tôt, c’est avoir tort deux fois. Better Place est mort et sa disparition valide la vision du modèle hybride, pour de nombreuses années encore.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec